En quelques jours, deux grands quotidiens français, Libération le 8 janvier, Le Monde le 15 janvier, se sont fait l’écho de la très forte baisse du nombre d’inscrits aux concours de l’enseignement. Est-ce le résultat des nombreuses alertes lancées par le SNES-FSU, et notamment après la publication des inscrits de la session 2020 ? Sans doute. Le constant est sans appel : « la cuvée 2020 génère de sérieuses inquiétudes », écrit Le Monde, même si elle s’inscrit « dans une tendance lourde depuis une vingtaine d’années ». « Prof, un métier qui n’attire plus », explique Libération.
Il nous semble cependant utile de préciser ces analyses.
D’abord pour rappeler que si, en aval du concours, les conditions d’exercice du métier et les rémunérations expliquent la faible attractivité du métier, il faut aussi penser à l’amont, autrement dit aux conditions de préparation des concours. Ce n’est pas seulement l’allongement des études qui décourage les vocations, mais très sûrement aussi l’absence complète d’aide spécifique. Les dispositifs mis en place après 2012 (Emploi Avenir Professeur, Étudiant Apprenti Professeur, master en alternance) n’ont pas eu de succès, mais le Ministre actuel n’en tire pas de leçon : les Assistants d’Éducation « en préprofessionnalisation », recrutés en petit nombre à la rentrée 2019 doivent toujours travailler en plus de leurs études, ce qui pénalise leur réussite, et la mesure n’est pas plus efficace que les précédentes, puisqu’un poste sur quatre n’a pas été pourvu dans l’académie de Créteil.
Par ailleurs, les promesses de revalorisation faites par Jean-Michel Blanquer, dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, seront prises pour ce qu’elles sont : rien de sonnant et trébuchant. Ce qu’il faut donc, c’est dès maintenant payer les étudiants pour qu’ils étudient, et rien que ça. C’est le sens du mandat porté par le SNES et la FSU, le prérecrutement.
A lire l’article du Monde, le Ministère a l’air de penser qu’il n’y a pas péril en la demeure. Et pourtant si ! Pour les élèves et leurs parents, il est terriblement inquiétant de voir progresser aussi vite le recours aux contractuel-les : comment croire un Ministre qui d’un côté, prétend renforcer la formation initiale des enseignant-es (alors, au passage, que son projet de réforme est condamné par le SNES-FSU et qu’il est l’objet d’un très large rejet des formateurs et des jurys, au point que Jean-Michel Blanquer en reporte une partie de la mise en œuvre), et accroît de l’autre le recours à des enseignant-es qui justement, n’ont pas pu bénéficier de cette formation, puisqu’ils-elles sont placé-es directement devant les classes sans formation didactique et pédagogique ?
Il n’est pas possible non plus de penser que la baisse, beaucoup moins forte qu’au CAPES, du nombre d’inscrit-es à l’Agrégation peut être le signe que le métier d’enseignant-e en collège et en lycée est toujours attractif. En vérité, un part importante des lauréat-es de l’agrégation externe ne constituent pas du « sang neuf » : près d’un-e agrégé-e sur cinq enseignait déjà, comme certifié-e ou comme contractuel-le.
A tous points de vue, donc, la baisse importante du nombre de candidat-es en 2020 est très préoccupante. Jean-Michel Blanquer n’en porte pas seul la responsabilité, mais les baisses importantes du nombre de postes depuis son arrivée aggravent une tendance déjà ancienne, et il ne fait rien pour l’enrayer.

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