Un échange entre les organisations syndicales et le cabinet du ministre a été organisé jeudi 1er avril, suite aux annonces du président de la République le 31 mars au soir. Plutôt que d’échange, il convient surtout parler d’écoute des remarques des organisations syndicales, sans y apporter de réponses précises.

Après avoir rappelé le détail des mesures annoncées la veille par Emmanuel Macron, le directeur de cabinet a donné quelques chiffres sur la situation sanitaire, en indiquant par exemple, qu’on était sur « plateau » de 6000 à 7000 cas positifs par jour et qu’on avait atteint le chiffre de près de 8000 classes fermées avant les annonces présidentielles, conséquence des nouvelles règles de fermeture de classes. Les chiffres collectés par le Snes-FSU depuis le début de la semaine dans le cadre de l’opération Snes Tracker confirmaient déjà cette tendance prévisible.

Le cabinet du ministre a précisé que l’organisation de l’accueil des enfants de soignants et d’autres professions prioritaires est en cours, les enfants d’enseignants faisant partie des publics accueillis.

Les annonces présidentielles

La FSU est revenue sur les décisions gouvernementales de ces dernières heures. Encore une fois, les organisations syndicales ont découvert le détail des annonces en direct, sans avoir été prévenu auparavant. Depuis des mois, le Snes et la FSU pointent la nécessité d’anticiper toutes les hypothèses possibles pour éviter la précipitation et l’improvisation. Près d’un an après le début de la crise sanitaire, rien n’a changé ! Nouvelle preuve de ce défaut d’anticipation, lors du précédent point sanitaire, le Snes-FSU avait interrogé le ministre sur l’hypothèse de travail relatif aux vacances scolaires, hypothèse balayée d’un revers de la main par Jean-Michel Blanquer, au motif que les vacances relèvent de la « pensée magique » puisqu' »on s’y contamine plus qu’à l’école ». 5 jours plus, le calendrier scolaire et les modalités des vacances ont été modifiés.

Plus globalement, les décisions présidentielles signent l’échec de la stratégie du ministre, enfermé depuis des mois dans une vision binaire « ouverture/fermeture », refusant de voir les solutions intermédiaires, préférant se poser en grand vainqueur du championnat du monde des écoles ouvertes plutôt que de mener une réelle politique de prévention et de protection, ce qui a conduit l’Education nationale au cœur de la 3eme vague.

Voir le communiqué du Snes-FSU : l’échec d’une stratégie ministérielle

Ecole à distance, établissements ouverts, encore des confusions !

Mercredi soir à 20h, le président de la République insistait sur le recours au télétravail et sur le basculement en école à distance. Mercredi soir, à 22h52, dans un mail et une vidéo envoyés aux personnels, le ministre de l’Education nationale déclarait notamment « les équipes pédagogiques peuvent se trouver en établissement la semaine prochaine ». Comme l’an dernier lors du premier confinement, les personnels de l’Education nationale se retrouvent pris dans des injonctions contradictoires : d’un côté l’insistance sur le recours au travail à distance, de l’autre la porte ouverte à du présentiel. Le Snes-FSU a rappelé qu’il n’était pas question que des pressions soient exercées sur les personnels pour venir dans les établissements, alors même que l’aggravation de la situation sanitaire conduit à un 3eme confinement.

La situation des élèves

La question de l’équipement des élèves les plus défavorisés (ordinateurs, connexion) n’est toujours pas résolue. Derrière les déclarations annonçant de temps en temps un nombre peu impressionnant d’ordinateurs à disposition, une réalité s’impose à tous : la fracture numérique est loin d’être comblée. Dans les établissements qui ont commencé à fermer ces derniers jours, des élèves sont restés sans équipement. La fermeture des cantines pourraient aussi pénaliser les familles les plus modestes, des solutions doivent être rapidement trouvées.

Anticiper et préparer le retour en présentiel

Le retour en présentiel après le 3 mai doit être anticipé : il est indispensable que des mesures sanitaires adaptées permettent un retour durable en présentiel dans les collèges et les lycées. Une réflexion doit être rapidement entamée sur une diminution de la jauge d’accueil en collège comme en lycée et une véritable campagne de tests, sur le moyen terme, doit être menée dans le second degré. Les tests sont un outil incontournable pour surveiller les effets du retour en présentiel et casser une éventuelle reprise épidémique dans les établissements scolaires. Depuis plusieurs semaines, le Snes-FSU pointe les faiblesses de la stratégie de dépistage : d’un côté, les discours officiels qui vantent la stratégie « tester, alerter, protéger », les 4 tests à la seconde dont se targue Olivier Véran, de l’autre, la réalité, à savoir 10% du potentiel de tests réalisés dans les collèges et les lycées, l’absence de tests salivaires, une stratégie de déploiement géographique peu efficace. Il y a urgence à ce que l’ensemble de la stratégie de tests en milieu scolaire soit revue, en intégrant les autotests.

La retour dans les établissements scolaires doit être aussi pensé et réfléchi du point de vue de l’aménagement des locaux : va-t-il falloir attendre la 6eme rentrée sous Covid pour voir enfin traité les questions d’aération, de cantine, d’équipements ? Il est indispensable que des échanges tripartites avec le ministère de l’Education nationale et les collectivités territoriales soient engagées.

Des questions pédagogiques incontournables

Les questions pédagogiques doivent aussi être discutées : si les questions de programmes de collège comme de lycée sont actuellement en discussion dans des groupes de travail, d’autres questions, urgentes, doivent être traitées, à commencer par la question des examens (DNB et Bac).

Voir l’article du Snes-FSU : collège, lycée les exigences du Snes-FSU pour prendre la mesure des conséquences pédagogiques de la crise


La rentrée 2021 se fera après une année qui n’aura rien eu de normal. Des moyens doivent être dégagés pour du travail en petits groupes afin de consolider les apprentissages des élèves. Le ministre garde le cap des 1883 suppressions d’emplois dans les collèges et les lycées : incompréhensible ! Le Snes-FSU demande un collectif budgétaire exceptionnel pour revenir sur ces suppressions d’emplois.

Vaccination : toujours le grand flou !

le plus grand flou demeure sur la vaccination : les annonces d’Emmanuel Macron sur un début de vaccination à la mi avril n’ont pas été suivies d’actes. Pire, un grand flou semble s’installer sur la réalité de cette campagne vaccinale dans l’Education nationale. Ainsi, le 1/04 au matin, le ministre de la Santé et celui de l’Education nationale se sont contredits à une heure d’intervalle à l’occasion de diverses interventions médiatiques. Jean-Michel Blanquer a déclaré « comme le président de la République l’a dit, à partir du mois d’avril va s’amorcer le 1er mouvement de vaccination des professeurs », puis il a évoqué la « mi-avril ». Une heure plus tard, Olivier Véran n’a pas voulu s’engager sur un calendrier, et a précisé que la vaccination ne commencerait « vraisemblablement pas dans les toutes prochaines semaines ».
Le Snes-FSU a rappelé ses exigences pour la vaccination des personnels de l’Education nationale (qui ne doit pas se limiter pas aux professeurs) volontaires : une vaccination prioritaire et accélérée pour laquelle il est urgent d’obtenir des réponses à des questions concrètes : calendrier, modalités d’organisation pratique etc.

Rappel : les exigences du Snes-FSU sur la vaccination posées depuis des mois

École à distance – établissements ouverts : quelques rappels

Le Snes-FSU rappelle aussi que l’école à distance n’est pas un concept monolithique, synonyme de recours à la visio. Le maintien du lien avec les élèves peut prendre différentes formes : les outils sont nombreux et les personnels sont les mieux placés pour déterminer quelle est la meilleure forme pour conserver ce lien pédagogique avec les élèves à distance. Nos conseils restent les mêmes qu’au printemps dernier : la liberté pédagogique ne peut être contrainte par les circonstances exceptionnelles que nous vivons.

De la même manière, alors que le ministère entretient un flou persistant sur la période qui s’ouvre, insistant sur le fait que les établissements sont ouverts, le Snes-FSU rappelle que la règle est bien celle du travail à distance. Si des pressions sont exercées pour une présence dans l’établissement, notamment vers les personnels, en particulier les AED et les AESH, ne restez pas isolés, rapprochez-vous de votre section académique.

Les réponses du ministère

Le cabinet du ministère a reconnu la nécessité d’anticiper la reprise en présentiel, en définissant un protocole précis. Des réunions pourraient être organisées dans les prochaines semaines.
Aucune autre réponse n’a été apportée.

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Dans ce contexte de 3eme confinement et alors que la situation sanitaire se dégrade, prenez soin de vous et de vos proches. Et rappelons un enseignement de la dernière période d’école à distance « A l’impossible, nul n’est tenu » les personnels feront au mieux de leurs possibilités matérielles et pédagogiques en prenant le temps de bien faire et en menant la réflexion sur ces gestes professionnels si particuliers.

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