Diplôme du baccalauréat

Bac2021 : des aménagements indispensables

Lors du comité de suivi du 2 décembre, le Snes-FSU a rappelé ses demandes pour la session 2021 du bac

  • report des épreuves d’enseignements de spécialité en juin, sur la base des programmes limitatifs prévus pour le mois de mars
  • annulation du grand oral
  • aménagements des épreuves prévues en juin (français et philosophie)

Le Snes-FSU a demandé que des annonces soient faites avant les vacances de Noël afin de ramener le plus rapidement possible une forme de sérénité chez les personnels et les élèves. Des discussions sur les modalités d’harmonisation du contrôle continu doivent aussi être rapidement engagées pour éviter de revivre l’épisode abracadabrantesque du bac 2020.

Épreuves de spécialité, pour un report en juin

Nous avons rappelé les arguments en faveur d’un report (année très particulière du fait de la crise sanitaire de l’an dernier et de cette année, programmes très lourds et non revus en dépit de nos demandes en juin, épreuves qui arrivent trop tôt).

Des éléments nouveaux viennent appuyer cette demande : le passage à une organisation hybride des enseignements était nécessaire d’un point de vue sanitaire. Mais sans réel cadrage national, il conduit à une diversité d’organisations (demi-groupes selon des modalités d’alternance différentes), maintien à 100% en présentiel, entrainant clairement une rupture d’égalité entre les élèves. Le Snes-FSU a particulièrement alerté sur la différence entre le privé et le public, un nombre non négligeable de retours de terrain indiquant que le privé était plutôt resté sur un fonctionnement à 100% en présentiel.
Quelle que soit l’organisation retenue, les inégalités face au travail en autonomie sont exacerbées par le passage en hybride.

Ce fonctionnement va durer au moins jusqu’au 20 janvier, les effets de ces 8 semaines en mode hybride ne pourront être rattrapés d’ici le 15 et le 16 mars.

Tous les professeurs font leur possible pour avancer dans le programme dans les conditions actuelles, mais au prix d’une charge de travail très importante et d’une pression de tous les instants, faisant peser une forme de charge mentale très importante sur les professeurs concernés. Les témoignages d’épuisement professionnel sont nombreux, il y a urgence à ce que le ministre entende la réalité du terrain.

Grand oral, français, philo, des épreuves également à revoir

Le Snes-FSU dénonce depuis la mise en place de la réforme les problèmes posés par le grand oral, exercice dans lequel il semble plus important d’évaluer ce qui n’est pas de l’ordre des apprentissages scolaires, mais où le candidat doit d’abord faire bonne impression. Un redoutable exercice qui va favoriser les élèves les plus à l’aise dans l’exercice oral académique, le plus souvent issus des milieux les plus favorisés. La partie 3 du grand oral est particulièrement problématique.

Lire aussi « Le Grand oral, l’avènement du simulacre »

Dans le contexte de crise sanitaire depuis mars 2020, comment les élèves et les professeurs peuvent-ils préparer sereinement et pratiquement cette épreuve ? Dans beaucoup d’académies, les formations des professeurs commencent à peine, pour une épreuve censée être préparée sur l’année de 1ère et terminale. Il est donc indispensable d’annuler le grand oral pour la session 2021, avant de se pencher sur son avenir dans le cadre d’un baccalauréat revu.

Les épreuves de philosophie et de français doivent être aussi revues. Jusqu’ici, elles sont curieusement absentes de toute la réflexion ministérielle. Pourtant, les élèves et les professeurs concernés vivent aussi une année particulière, cela implique d’ouvrir des discussions sur le programme d’examen, le format de l’épreuve (sujets etc)….

Continuons d’interpeller les IPR et les IG sur la nécessité de revoir le calendrier des examens et les programmes : retrouvez nos modèles de courriers dans cet article.

Choix d’orientation des élèves : une reproduction des inégalités

Les statistiques de 2019 avaient déjà montré à quel point la réforme du lycée n’avaient en remis en cause les inégalités sociales et les inégalités de genre.

On dénombre pas moins de 426 triplettes mises en œuvre à la rentrée. Mais l’immense majorité de ces triplettes est choisie par un très petit nombre d’élèves. En réalité, 15 triplettes sur les 426 attirent à elles seules 80 % des élèves de 1ère. Autrement dit, 80 % des élèves se concentrent sur 3,5 % des triplettes. Se gargariser sur la liberté de choix dans ce contexte serait intellectuellement malhonnête car l’immense majorité des élèves a concentré ses choix sur un tout petit nombre de parcours parmi les possibilités formellement offertes.

(….)

Si 61,4 % des filles ont choisi la spécialité mathématiques, c’est le cas de 77,8 % des garçons. L’écart est aussi fort, au détriment des filles, pour la physique-chimie. Il est particulièrement net en NSI, discipline très clairement marquée « masculine ». A l’inverse – et sans surprise – seuls 9 % des garçons ont choisi HLP, contre 25,3 % des filles, et l’écart est également très fort en LLCE. Comme le SNES le faisait remarquer en avril, le «libre choix», c’est d’abord le jeu libre des déterminismes sociaux les plus forts…

Article « rentrée 2019, tout change pour que rien ne change »

Les statistiques fournies par la DEPP confirme ce premier bilan sur la classe de première et montrent que les choix des élèves de terminale à la rentrée 2020 n’ont pas remis en cause les inégalités constatées.

Les filles représentent 56% des élèves de terminale générale, mais elles ne représentent que 36% des élèves qui ont pris « maths – PC », contre 59% de ceux qui ont pris « maths- SVT ». Les garçons représentent 44% des élèves de terminale générale, mais seulement 17% de ceux qui prennent HLP-LLCE, 16% de ceux qui prennent HLP-SES. Ils sont par contre sur- représentés en « maths-PC » et « maths-SES ».

Par ailleurs, parmi les 15 doublettes les plus fréquentes, les élèves d’origine sociale très favorisée sont sur-représentés dans trois modalités de choix (maths PC ; maths HGGSP ; maths SES) ; à elles seules, ces trois doublettes concentrent plus du tiers (36%) des élèves d’origine sociale très favorisée, alors qu’elles n’accueillent en moyenne qu’un quart (27,7%) des élèves.

Le Snes-FSU a aussi insisté sur la nécessité de regarder de près l’évolution des effectifs dans les options, alors même que les opérations de préparation de rentrée vont bientôt commencer. Le risque est grand que les options soient sacrifiées, appauvrissant alors l’offre de formation des élèves.

Les prochains travaux du comité de suivi sur les choix des élèves porteront sur les enseignements de spécialité fragilisés par la réforme : SI, certaines langues vivantes et régionales. Une étude qualitative sera aussi lancée pour mieux analyser les choix des élèves, le poids des représentations sociales et de ParcourSup.

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