Coincé entre les exigences du calendrier de Parcoursup et l’affichage d’une réforme du bac qui se voulait simplificatrice, le ministère continue de réfléchir au calendrier du futur baccalauréat.

Afin de concilier des enjeux contradictoires, on assiste à la course à l’invention d’une nouvelle règle à chaque fois que la précédente pose problème. Lors d’une audience le 12 juin dernier, le ministère admet qu’il pourrait renvoyer en juin toutes les épreuves terminales, spécialités comprises, et maintenir les épreuves communes au second trimestre. Il pourrait… mais ce n’est pas ce qu’il va faire !

Un calendrier intenable

Pour intégrer les résultats des épreuves de spécialités dans Parcoursup, il faut impérativement placer celles-ci en mars, le tout organisé en une session de six jours, avec une discipline par demi-journée. Les cours seraient donc suspendus dans les centres d’examens mais les établissements ne fermeraient pas et, par exemple, les élèves de Seconde et de Première pourraient dans la même période bénéficier « d’actions autour de l’orientation » (sic). Afin de prévenir les difficultés à boucler des programmes en février, et maintenir l’attention des élèves après les épreuves, le ministère envisage la possibilité de définir les éléments exigibles à l’écrit, le reste pouvant être évalué dans le cadre du grand oral, en fin d’année. Dans cette perspective, les épreuves communes de contrôle continu de Terminale seraient reportées et organisées localement en juin, à peu près en même temps que celles de Première. Un tiers de l’année à passer les examens en Terminale, voilà un beau progrès !

Pas de cadrage

Il n’y aura aucun cadrage définissant les périodes pour les épreuves communes mais seulement une date limite de remontée des notes pour garantir l’harmonisation au niveau académique. D’ailleurs, ces épreuves locales n’auraient pas particulièrement vocation à prendre la forme de « sessions », puisqu’elles peuvent, par leur format de deux heures, avoir lieu sur les plages ordinaires de cours. Telles que décrites, les épreuves communes ressemblent de plus en plus à la généralisation des épreuves en cours d’année (ECA) déjà en vigueur pour les langues vivantes ou bien à des sortes de Contrôles continus en cours de formation (CCF), dont les modalités constituent actuellement un puissant agent de désorganisation des enseignements. Quant à la dématérialisation des corrections censée permettre le « brassage » des copies entre plusieurs établissements, on aimerait comprendre comment cela serait possible quand chaque établissement organisera les épreuves à la date qu’il souhaite.
Improvisation ou réaction bureaucratique classique, consistant à répondre aux problèmes posés par des règles absurdes en inventant de nouvelles règles encore plus absurdes ? Provocation ou méconnaissance complète du terrain ? Les paris sont ouverts mais on connaît déjà deux grands perdants : le diplôme national du baccalauréat désormais réduit à une forme d’examen local de fin d’études et les élèves.

Claire Guéville

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