Le rapport pointe une grande constante politique française : réformer l’éducation, sans cesse, sans prendre en compte les résultats de la recherche, sans évaluer les politiques menées.
Alors que la lutte contre la difficulté scolaire devrait se centrer sur une plus grande mixité sociale des écoles et établissements, le rapport pointe les effets pervers de la labellisation qui donnent lieu à une ségrégation très forte des établissements ; alors qu’il faut miser sur des moyens adaptés aux difficultés, la nation ne dépense guère plus qu’ailleurs dans les établissements de l’éducation prioritaire (des équipes souvent en début de carrière, de nombreux personnels contractuels, des effectifs de classe de moins en moins allégés). Quant aux pratiques pédagogiques diversifiées qu’il faudrait mettre en oeuvre, elles ne sont pas soutenues par une formation des enseignants cantonnée à l’application étroite de tel ou tel point de la n-ième réforme en cours.
Le rapport énumère enfin la longue liste des dispositifs de remédiation à la difficulté scolaire mis en place depuis les débuts du collège unique en 1975. Cet empilement « hors la classe » semble être une spécificité française. Le rapport, qui confirme au passage certains résultats de l’enquête PISA, indique que les pays qui progressent en matière de lutte contre les inégalités de réussite à l’école ont axé leurs efforts en direction du coeur des apprentissages, c’est à dire de la pédagogie dans la classe, au quotidien. Ces politiques s’apparentant à de la prévention semblent plus efficaces que celle qualifiée de « compensation » mise en oeuvre en France.

Le SNES-FSU dénonce depuis plus de 10 ans maintenant la détérioration des conditions d’étude et de travail dans l’éducation prioritaire. La période des RAR (réseaux ambition réussite) et le programme ECLAIR (Écoles, collèges et lycées pour l’ambition et la réussite) fondaient à la fin des années 2000 un système éducatif à deux vitesses, admettant de moindres attentes éducatives en éducation prioritaire. Mais les personnels n’ont pas baissé les bras. Où en serions-nous actuellement sans l’éducation prioritaire ? Peut-être faut-il attendre un peu pour mesurer les effets des mesures prises pour les REP+ (réseaux scolarisant les élèves les plus en difficultés) en 2015 ?

Mais n’oublions pas le point de départ du rapport : la question des inégalités à l’école, et de l’injustice sociale qu’elle génère. Le phénomène n’est pas nouveau mais il se renforce : les enfants de milieu populaire et en particulier ceux issus de l’immigration subissent une discrimination tout au long de leur scolarité (en matière de résultats scolaires, d’orientation, de niveau de diplôme, de rendement de ce diplôme).
Les préconisations du CNESCO rejoignent celles de nombreux autres rapports, ainsi que des demandes du SNES-FSU. On notera en particulier « rompre avec la logique des réformes à répétition« , passer d’une « logique de remédiation à une approche en termes de prévention« , « miser sur l’expertise pédagogique des personnels enseignants et d’encadrement« , « réduire la ségrégation scolaire et sociale dans les contextes les plus ségrégués« , abonder les fonds sociaux….

Une partie des préconisations ne sont pas réalisables à court terme voire impossibles dans certains quartiers (introduire un volet mixité sociale avant toute nouvelle construction d’établissement, rendre tous les lycées polyvalents), d’autres sont contestables comme rendre la formation continue obligatoire ce qui, à cause de la masse d’absences que cela impliquerait, ne pourrait se faire que pendant les vacances scolaires !

Créé par la loi de refondation de 2013, le CNESCO, Conseil national d’évaluation du système scolaire, apporte une expertise scientifique au système scolaire français.

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