Quand le ministre expliquait à l’Assemblée nationale que les professeurs préfèrent avoir un élève de plus s’il a « des savoirs fondamentaux ancrés », il oubliait que les élèves de CP/CE1 dédoublés n’arriveront pas au collège avant 2023 et qu’ils ne seront pas nombreux car cette mesure ne concerne que les écoles de REP+. Ce faisant, il reconnaît que la baisse d’effectifs des classes est indispensable pour permettre aux élèves, notamment des milieux populaires, de réussir à l’école.

« On n’est pas des sardines ! »

Aujourd’hui, les professeurs de collège doivent gérer des classes surchargées et d’une hétérogénéité critique. Le collège absorbe une vague démographique dont la crête correspond aux actuels élèves de Cinquième. 81 000 élèves de plus sont attendus entre 2018 et 2022. Le collège a besoin de moyens supplémentaires pour réduire les inégalités scolaires et accompagner la croissance des effectifs.
La rentrée 2019 sera d’autant plus compliquée que 2 650 suppressions de postes sont prévues et que la stratégie habituelle est de camoufler les effets économiques d’une réforme en limitant les pertes de postes sur le niveau concerné : le lycée l’an prochain. Par ailleurs, rien n’est prévu pour renforcer les vies scolaires et les équipes pluriprofessionnelles, déjà en sous-effectif.

Le développement massif de l’inclusion des différentes catégories d’élèves à besoins éducatifs particuliers dont la classe ordinaire est le seul horizon, sans que les moyens humains suivent, fait peser une lourde charge sur les enseignants : la seule solution proposée par l’institution est « l’individualisation des enseignements » alors qu’elle fait fi des réels besoins de ces élèves.

Sous pression

La réforme du collège et ses assouplissements, bien loin de permettre une meilleure réussite des élèves, a surtout dégradé de manière significative les conditions de travail. Les injonctions et les pressions se sont multipliées sur les programmes, l’évaluation, l’AP, les projets… mis en œuvre par un management agressif. Des tensions se sont développées dans les équipes pour répartir les moyens de la marge horaire qui sert à financer dédoublements, co-interventions, enseignements facultatifs… et pour que tout cela fonctionne : réunionite.

Gel du point d’indice, journée de carence, augmentation des effectifs et du nombre de classes, des HS, préconisations et tâches administratives démultipliées, les témoignages sur les réseaux sociaux sont nombreux. Le ministre voudrait les interdire par une loi. Les violences subies par les enseignants sans soutien de l’administration et le « burn out » sont dévoilés au grand jour grâce à #pasdevague ou aux « stylos rouges ». Au collège, les raisons sont réunies pour exprimer notre opposition à cette politique éducative par la grève et les manifestations le 24 janvier… car pour ce ministre : qui ne dit mot consent.

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