Les attendus en licence viennent d’être publiés par le ministère de l’enseignement supérieur.
Ils sont censés aider les lycéens à préparer leur orientation et leur réussite dans l’enseignement supérieur et résoudre ainsi les problèmes d’affectation.

Leur lecture est affligeante.
– Certains attendus sont tellement généraux qu’ils devraient être le propre de tout bachelier : possession « d’un bon niveau de culture générale », de « capacités d’argumentation », de « logique et de synthèse »…
– D’autres attendus semblent avoir pour seul objectif de dissuader certains lycéens de poser leur candidature. Les bacheliers littéraires sont les grands perdants. Ils ont rarement accès à l’enseignement optionnel de mathématiques. Ils se voient ainsi évincés de psychologie et de STAPS (qui demandent un bon niveau scientifique). Ceux des séries technologiques sont systématiquement exclus des formations qui correspondent aux spécialités de leur bac par une mise en avant des compétences scientifiques générales et celles d’expression écrite et orale.
– Des compétences « comportementales » indiquées dans les attendus peuvent donner matière à des interprétations très diverses donc inégalitaires voire discriminantes du fait de l’origine sociale. L’entrée en médecine est par exemple conditionnée à la qualité d’empathie. Staps valorise l’engagement associatif. Or les lycéens n’ont pas tous le loisir de s’investir dans des associations soit parce qu’ils travaillent, soit parce qu’ils sont dans des territoires très enclavés.Ces attendus confirment malheureusement les craintes déjà exprimées par le SNES-FSU sur la volonté de sélection sociale déguisée en différenciation d’aptitudes et de profils.

Tout se passe comme s’il était désormais nécessaire de vérifier par d’autres moyens les connaissances et compétences que le bac est censé certifier. Ces attendus régleront peut-être la question de l’insuffisance des capacité d’accueil, mais ils vont surtout évincer les jeunes les plus fragiles.