Jeudi 14 janvier, le point hebdomadaire du Premier ministre et du ministre de la Santé sur la situation sanitaire s’est transformé en conférence de presse gouvernementale avec pas moins de 6 ministres, dont celui de l’Education nationale. Dans un contexte qui impose, selon les mots du ministre de la santé, une surveillance et une vigilance accrue, Jean-Michel Blanquer en reste à des recommandations « au cas par cas », « si possible ». Dans ces conditions, comment parler d’un protocole sanitaire renforcé ? Pour garder les établissements scolaires ouverts et protéger les personnels et les élèves, il est impératif que les mesures de protection sanitaires soient améliorées de manière significative.

Effectifs : en collège, des classes encore pleines à craquer

La possibilité de passer à « l’hybride » pour les collèges est annoncée pour les 4eme et les 3eme, au cas par cas, de manière exceptionnelle, quand des problèmes de locaux se posent. Autrement dit, l’immense majorité des collèges va rester dans un fonctionnement en classe entière, maintenant un niveau élevé de brassage dans l’établissement.
En lycée, à moins d’une semaine de la date butoir, Jean-Michel Blanquer annonce que l’enseignement sous forme « hybride » se poursuit au-delà du 20 janvier. Mais il n’y a toujours aucun cadre national : les organisations sont très différentes d’un lycée à un autre, certains lycées sont restés ou reviennent à 100 % présentiel créant une rupture d’égalité entre les élèves et les établissements.
L’hybride recouvre bien des réalités, avec parfois le maintien de classes entières, une surcharge de travail évidente alors qu’un fonctionnement demi-groupes serait plus approprié à la fois d’un point de vue sanitaire et pédagogique, en y intégrant des aménagements de programmes.

Cantine : l’illusion d’un protocole sanitaire renforcé

Après plusieurs jours de débats sur la fermeture des cantines, Jean-Michel Blanquer annonce que si la pression en terme d’effectifs et de brassage est trop forte, le temps de service pourra être allongé ou des repas à emporter proposés. Là encore, en fonction des possibilités et au cas par cas.

L’allongement de la durée du service est déjà mise en place par quelques établissements (conformément à ce qui est déjà préconisé dans la FAQ du ministère), et dans les autres, il y a déjà plusieurs services. Sauf à les étaler encore davantage entre 10h et 15h, cette annonce est inapplicable. Quant à la distribution de paniers repas à emporter, si les élèves sont amenés à déjeuner dans leur salle de classe, se pose alors la question de la surveillance de toutes ces salles de classe dans l’heure de midi, mais aussi des conditions sanitaires (nettoyage, aération etc).

Le Snes-FSU alerte depuis le mois d’août sur la question sensible des cantines, fait des propositions pour allier deux exigences, sanitaires et sociales. Après 10 mois de crise sanitaire, le gouvernement feint de découvrir le problème et propose des mesures qui n’ont rien d’un protocole sanitaire renforcé !

Baccalauréat : au mépris des élèves et des professeurs

La situation sanitaire est dégradée ce qui amène le gouvernement à prendre de nouvelles mesures. Mais tout en annonçant la poursuite de l’hybride au lycée après le 20 janvier, Jean-Michel Blanquer recommande que les Terminales soient « le plus possible dans l’établissement », autrement dit, insiste pour que ces élèves reviennent à 100 % présentiel dans la perspective des épreuves du baccalauréat au mois de mars, comme il l’avait déjà indiqué début janvier. Cette obsession à faire passer son projet politique (la réforme du bac) avant toute considération sanitaire est irresponsable.

Depuis des mois, la communauté éducative tire le signal d’alarme : épreuves qui arrivent trop tôt, programmes trop lourds, rupture d’égalité du fait des fonctionnements différents des lycées….mais le ministre persiste dans ce déni de réalité et garde « quoi qu’il en coûte » le cap : des épreuves de spécialité en mars.
Pourtant les faits sont là :
– une pétition regroupant des association de spécialistes, des syndicats d’enseignants et de professeurs demandent le report des épreuves de spécialité de mars à juin, ainsi que l’annulation du grand oral : Bac 2021, des aménagements et vite !
– un communiqué intersyndical sur la situation sanitaire de janvier 2021 qui précise que les organisations signataires demandent « le report des épreuves du mois de mars. » Communiqué situation sanitaire
– la quasi unanimité des organisations qui ont siégé au comité de suivi de la réforme du bac le mercredi 13 janvier ont demandé que les épreuves de spécialité ne se tiennent pas en mars (à l’exception d’Avenir lycéen).

Tests : passer des paroles aux actes

Les annonces du ministre de la Santé ont été confirmées par Jean-Michel Blanquer : 1 million de test par mois et un déplacement rapide d’équipes pour tester les élèves et les adultes dès que 3 cas positifs sont repérés dans une classe.
C’est la troisième fois depuis novembre que des annonces de campagnes de tests massifs sont faites. Dans les faits, peu de tests ont été faits. Il est pourtant indispensable d’accélérer en la matière, mais aussi d’être plus réactif et strict sur les règles de traçage et d’isolement afin de bloquer efficacement la circulation du virus.

EPS : la réaction du Snep-FSU

Le ministre a annoncé la suspension des cours d’EPS en intérieur. Le Snep-FSU (syndicat des professeurs d’EPS au sein de la FSU, fédération à laquelle appartient le Snes) ) a dénoncé cette décision incompréhensible. Extrait du communiqué du 14 janvier
« D’autres mesures auraient pu être prises et le SNEP-FSU les porte depuis le confinement du mois de mars : demi-groupes pour tous les cours d’EPS, renforcement de l’encadrement par l’emploi de nouveaux personnels. Ces quelques solutions auraient permis une gestion simplifiée des mesures barrière sans ôter un enseignement essentiel.« 

Réunion ministérielle le 18 janvier

Au final, ce protocole n’a rien de renforcé. Toujours aucune mesure de fond sur les effectifs ou l’aération des salles par exemple afin de sécuriser les collèges, lycées et CIO. Le Snes-Fsu a posé ses exigences sanitaires qui doivent permettre que les établissements scolaires restent ouverts tout en protégeant les personnels, les élèves et leurs familles. Il les portera une nouvelle fois, avec aussi des considérations pédagogiques (DNB, bac, programmes) lors de la réunion ministérielle avec les organisations syndicales lundi 18 janvier.

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