Omniprésent dans les médias, ne ménageant pas sa peine pour faire la promotion de ses réformes, le ministre de l’Éducation nationale a une conception singulière du débat… Il choisit ses cibles avec rigueur et n’hésite pas à accommoder certains faits. Il laisse entendre, par exemple, qu’il aurait revalorisé les enseignants. Et l’œuvre de désinformation est complaisamment relayée sans vérification dans l’émission spéciale de Cyril Hanouna, certainement l’un des moments forts du Grand Débat ! Au journalisme se substitue le divertissement. L’émission est coanimée par une secrétaire d’État. Qu’importe les faits quand règne le mélange des genres. Et puis, qu’est-ce qu’un mensonge par omission dans une forêt de contrevérités ? Les 1 000 euros de gains recouvrent en réalité la moyenne annuelle sur les cinq ans du protocole PPCR initié par le précédent gouvernement. Ces gains ont tôt fait d’être dévorés, dispersés façon puzzle par l’inflation et le gel de la valeur du point d’indice imposé par le gouvernement auquel appartient Jean-Michel Blanquer. Le ministre n’hésite pas non plus à balayer avec mépris la floraison d’expressions collectives qui dénoncent les dégâts causés par la réforme du lycée, l’imputant à ceux qu’il appelle les « ventilateurs à angoisse ». Curieuse communication qui consiste à rejeter la faute sur les lanceurs d’alerte plutôt que sur les responsables.
Sauf que la communication et les écrans de fumée ne tiendront pas longtemps face à la réalité de la situation. Les personnels et les parents sont bien placés pour le savoir et le font savoir.