« Comment améliorer les conditions de travail et d’enseignement ? »aurait été une formulation annonçant mieux la couleur si l’objectif du Grenelle était justement d’améliorer la situation des personnels…Mais il faut se rendre à l’évidence : tel n’est pas la volonté du ministre, qui a étroitement piloté le Grenelle !

Pour J.-M. Blanquer, les nouvelles conditions de travail sont d’abord liées au renforcement du management local. C’est le contrôle des enseignants, et rien d’autre, qu’il souhaite améliorer. La gestion des ressources humaines de proximité est un outil pour renforcer ce contrôle en profitant de la dénaturation du paritarisme par la loi dite « de transformation de la Fonction publique ». Aux règles communes appliquées sous le regard des représentants élus des personnels, le ministre préfère le renforcement des pouvoirs des chefs d’établissement. À la garantie d’un avancement et de promotions au meilleur rythme pour tous, il entend substituer la valorisation du« mérite » individuel. Mérite dont la mesure est une chimère et qui est d’autant moins objective qu’elle est réalisée par le supérieur hiérarchique direct. Le rapport du Grenelle préconise de « développer l’autonomie des établissements et le pilotage des chefs d’établissement sur les questions pédagogiques, de ressources humaines, et d’allocation des moyens ». Dès lors, c’est le chef d’établissement qui déciderait des objectifs de l’enseignant et des moyens qui lui sont donnés pour les atteindre et qui évaluerait sa capacité à les atteindre ! Autant dire que l’arbitraire deviendrait la règle.

Dangereuse dérive

Dans ce domaine comme dans bien d’autres, le Grenelle ne fait que recycler les marottes du ministre. Les atours scientifiques du colloque ne font pas oublier que la GRH de proximité est une idée avancée depuis plusieurs années. En 2019, le DGRH (aujourd’hui DGESCO) avançait prudemment l’idée de déployer, au plus près des collègues, des référents RH dont la mission devait être de servir d’interface entre les agents et leurs gestionnaires, sans aucun pouvoir sur la carrière.

Aujourd’hui, les masques tombent, puisqu’il s’agit bien de déléguer des pouvoirs considérables aux chefs d’établissement, incluant promotion, avancement et mobilité. Donner la mainmise aux chefs d’établissement sur la pédagogie,les moyens et nos carrières est le plus sûr moyen de bâillonner les équipes. Ce serait source de souffrance au travail et totalement contre-productif. Le métier de professeur ne peut s’exercer sous la contrainte.

Nous revendiquons, à l’inverse, de disposer de temps pour un travail collectif choisi, condition d’une réelle prise en compte des spécificités de nos élèves et de leur environnement, dans le respect de l’égalité de traitement qui leu rest due. Nous avons aussi besoin d’une réelle autonomie des équipes pédagogiques pour développer et enrichir nos pratiques à l’abri des injonctions managériales.


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