Nos établissements, de véritables passoires énergetiques

Ces données n’étaient pas publiées jusqu’ici ; elles mettent en évidence le rôle majeur de l’enseignement privé dans la ségrégation sociale entre les établissements scolaires.

Ségrégation sociale et réseau privé

L’État a donc été forcé de publier (ici) l’ensemble des informations relatives aux IPS. Ces informations démontrent que l’enseignement privé ne joue pas le jeu de la mixité scolaire et même qu’il renforce la ségrégation.
Pour l’année 2021-2022, les 6 967 collèges sont ainsi répartis : 5 302 publics et 1 662 privé. Plus de 75 % d’entre eux sont publics. Sur les 200 collèges aux IPS les plus hauts, 75 % sont privés. Inversement sur les 200 collèges ayant les IPS les plus bas, 98 % sont publics. Par ailleurs, les écarts s’accentuent : la proportion d’élèves très favorisés en sixième est de 20 points supérieure dans le privé par rapport au public, cet écart était de 11 points en 1989.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et contredisent Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, réaffirmant la «  volonté de poursuivre notre politique en faveur d’une plus grande mixité sociale et scolaire. ». Dans les faits, le réseau d’établissements privés sous contrat nuit à la mixité sociale en France.

Un constat sans appel dans les grandes villes.

Comme l’indique Youssef SOUIDI, chercheur sur la mixité sociale en collège, les chiffres sont effarants concernant certaines métropoles.

Des disparités majeures entre les départements.

Ces données permettent également de prendre la mesure de l’écart entre les départements français. Ainsi, la Guyane concentre les établissements les plus défavorisés (10 établissements avec un IPS inférieur ou égal à 60) avec un IPS moyen de 75 dans le public contre 107 dans le privé. Ces résultats sont à mettre en regard, par exemple, de l’IPS moyen pour les collèges parisiens : 105.

Pour les communes de plus de 20 000 habitants, le manque de mixité sociale entre des collèges publics apparaît aussi. Parfois séparés de quelques rues, des collèges publics peuvent avoir des IPS très éloignés, une ségrégation sociale liée à l’habitat. Le SNES-FSU conteste depuis 2005 l’assouplissement de la carte scolaire et demande qu’une réflexion soit menée sur les cartes scolaires.

Rappel : Qu’est-ce que l’IPS ?

L’Indice de position sociale est un indicateur mis en place par la DEPP (Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance, autrement dit le service statistique de l’Éducation Nationale) afin d’établir l’impact des professions des parents sur la scolarité de leurs enfants. Pour ce faire, la DEPP a attribué un indice déterminé par les habitudes éducatives et culturelles pour différentes professions (Plus d’information sur la construction de l’IPS ici).
Ainsi, un.e élève qui vivrait seul.e avec sa mère chômeuse aurait un IPS de 38 alors qu’un.e élève qui vivrait avec une mère professeur des écoles et un père ingénieur aurait un IPS de 179.
L’objectif de l’IPS est de prendre en compte les effets moyens du milieu social sur la scolarité. Comme tout indicateur, il a des limites. Il ne prend par exemple pas en compte les disparités géographiques (Est-ce la même chose d’être vendeur.se place Vendôme que dans une banlieue?).

A chaque collège, son IPS moyen, calculé sur la base des IPS élèves.

Ce que revendique le SNES-FSU

Les économies d’échelle se font dans l’enseignement public plutôt que dans le privé (le plus souvent confessionnel). En 2005, il y avait 9 155 postes à pourvoir au CAPES contre 6 880 en 2021 (soit une baisse de 25%) alors que le nombre de postes au CAFEP n’a diminué que de 4 % (de 1300 à 1 250) sur la même période pour le privé.

Le SNES-FSU dénonce le détournement des fonds publics prévus en faveur des établissements publics sociologiquement ou géographiquement défavorisés vers des établissements privés comme le permettent désormais les CLA (591525 euros consacrés au privé dans le budget 2023) ou les TER. Il revendique l’unification du système éducatif dans un service public laïc intégrant l’actuel enseignement privé sous contrat.

Améliorer la mixité sociale ne doit pas être un prétexte pour restreindre la carte de l’Éducation prioritaire alors que les inégalités sociales n’ont cessé de se creuser avec les crises économiques et sanitaires des dernières années. Le SNES-FSU demande au contraire une révision ambitieuse de la carte de l’Éducation prioritaire qui réintègre les lycées et des collèges dont les critères ont évolué vers ceux de l’Éducation prioritaire. Ces critères doivent être sociaux, transparents et nationaux et exclure en tout point le réseau privé qui par son existence même aggrave les inégalités.

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