Le gouvernement a ressorti le VRP de la réforme du lycée et du bac, Pierre Mathiot. Sur France Inter, il se félicitait que 50 % des élèves de Seconde fassent des vœux qui « sortent du carcan des séries ».

L’enquête menée par le SNES-FSU, dont les premiers éléments ont été publiés à la mi-avril, permet de voir que ce discours frise « l’infox ». Ainsi, dans un lycée moyen de 280 élèves de Seconde, les vœux des lycéens se répartissent en 42 triplettes différentes (et non pas « douze ou treize », comme le prétend P. Mathiot).

Du simple… au triple

Mais 80 % de ces triplettes (34) sont demandées, à chaque fois, par moins de dix élèves – seront-elles vraiment ouvertes ?

Autre angle possible : au regard des vœux du 2e trimestre, pour satisfaire 75 % des élèves, il faudrait ouvrir en moyenne douze triplettes par lycée… avec les contraintes d’emploi du temps qu’on devine bien, et un quart des élèves qui devraient quand même changer de « libre choix ».

Six des huit triplettes les plus demandées sont tout simplement les actuelles séries ES, L et S, ou une variante de ces séries. Par exemple, à côté des trois « classiques », on trouve « Maths + Physique-chimie + Sciences de l’ingénieur » (actuelle série S-SI) ou « Maths + SES + LLCE » (ex-série ES, « spécialité LV », supprimée par la réforme ­Chatel en 2010). Seules deux triplettes parmi les huit apparaissent originales… et encore ! Dans les deux cas, il s’agit de variantes autour des séries S et ES, qui existaient en partie avant la réforme de 1993/1995. Pour deux tiers des élèves, le soi-disant « carcan des séries » n’est donc absolument pas remis en cause.

Conséquence logique : la plupart des triplettes « originales » se trouvent dans les 34 triplettes à faible demande, dont beaucoup ne pourront pas être mises en œuvre, pour de simples questions d’organisation. On notera aussi que ces triplettes « originales » apparaissent surtout dans les vœux des élèves les plus faibles, quand les « bons » élèves esquivent le piège du pseudo « libre choix ». Mais qui croyait encore que cette réforme visait à démocratiser le lycée général ?

Romain Geny et Sophie Vénétitay

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