L’Académie des sciences morales et politiques vient de rendre publics un rapport et un avis sur l’enseignement des sciences économiques et sociales. Sur ce rapport plane l’ombre du « parrain » du capitalisme français, Michel Pébereau.

L’ASMP fait partie de l’Institut de France. Sa section 4, Économie politique, statistiques et finances, que préside Michel Pébereau, est un « club » de vieux mâles (moyenne d’âge 78 ans) dont les membres sont cooptés, qui ne compte donc aucune femme (et n’en a jamais compté). Autre particularité, signalée par Philippe Askenazy, alors qu’en 2000, la section était composée de quatre universitaires, deux grands ser­viteurs de l’État et deux patrons du privé, aujourd’hui, le patronat privé y est très ­majoritaire.

Dans le rapport de l’ASMP, on retrouve les obsessions de Pébereau et de Gattaz (Yvon) : réduire les sciences sociales à l’économie, l’économie à la microéconomie et à la comptabilité, et cette dernière à la gestion du budget de la ménagère. Belle perspective d’épanouissement intellectuel pour les lycéens de demain !

Michel Pébereau a 75 ans. Il pourrait couler une retraite tranquille, assuré qu’il est d’une pension de 800 000 euros annuels servie par la BNP dont il a été le président.
Mais non, Michel Pébereau est un militant, un « enragé ». Il ne lâche rien. À la manœuvre depuis des années pour transformer l’enseignement de sciences économiques et sociales au lycée en bréviaire du libéralisme, il récidive.

Mise en agenda politique

Ce qui compte, c’est que Michel Pébereau et ses camarades puissent poursuivre le projet de rectification des esprits énoncés il y a plus de dix ans « Il serait peut-être bon d’effectuer un travail pédagogique de fond sur nos lycéens, comme cela a été fait par les entreprises depuis vingt ans auprès de leurs salariés, afin de les sensibiliser aux contraintes du libéralisme et d’améliorer leur compétitivité, en adhérant au projet de leur entreprise ». Ce qui compte c’est, au moment où des perspectives de changement politique s’annoncent, d’agir sur l’agenda politique. Les évangélistes de l’entreprise et du marché entendent bien influencer une nouvelle refonte des programmes.

Gérard Grosse, Thierry Ananou

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