Le point de vue institutionnel

Selon Eduscol, les repères annuels de progression et les attendus de fin d’année mis à jour en mai 2023 (consultables ici) visent à instaurer un enseignement plus « rigoureux et progressif » à l’école élémentaire et au collège. 

Les attendus de fin de 3e en anglais, allemand, espagnol et italien sont déjà disponibles, et ceux de la 5e viennent d’être publiés. Les attendus de fin de 4e seront bientôt ajoutés. Les repères annuels pour le cycle 4 sont aussi accessibles. Ceux des cycles 2 et 3, ainsi que les attendus associés, seront publiés prochainement.

Conçus sur une base triennale, ces repères « garantissent la continuité et le renforcement des acquis des élèves ». Ils définissent les objectifs, y compris linguistiques, et fournissent des exemples de réussite selon les niveaux du CECRL visés. 

De nombreux descripteurs pour… 4 langues !

La publication enrichit la bibliothèque des descripteurs liés aux niveaux du CECRL. À ce jour, ces dizaines de pages de nouveautés sont disponibles dans quatre langues : anglais, allemand, espagnol et italien. La question qui se pose alors est la suivante : où se situent les autres langues par rapport à cette mise à jour ?

Il est important de noter que ces ajouts ne sont pas isolés. Ils viennent en effet compléter les centaines de descripteurs déjà proposés par le Volume complémentaire du CECRL de 2018.

Une terminologie en mutation

Les documents utilisent de nouvelles expressions. « Ce que sait faire l’élève » peut, par exemple, susciter un doute sur le cadre précis dans lequel l’élève est placé. De même, la phrase « compétences linguistiques et stratégies que mobilise l’élève » ouvre un débat : parle-t-on ici de stratégies purement linguistiques ou s’étend-on au domaine méthodologique ? Quant à « exemples de réussite », elle semble davantage pointer vers ce que l’élève est censé accomplir.

Avec des directives telles que « mettre en lien des supports variés en vue de construire du sens, interpréter, problématiser », on décèle peut-être un appel à une réévaluation de la compréhension écrite. Ne serait-ce pas également une incitation à ne plus la négliger, après des années de « priorité à l’oral » ?

L’intégration de la médiation interculturelle

Un autre point saillant de ces mises à jour concerne l’interculturalité. Bien qu’elle suscite des débats, elle se fraye un chemin dans ces repères, suite à la parution du Volume complémentaire du CECRL (2018). La médiation interculturelle vise à faciliter la communication et la compréhension entre des personnes ou groupes de cultures différentes. Elle intervient, dans l’idéal, lorsque des différences culturelles mènent à des malentendus ou des conflits, en utilisant la connaissance des cultures concernées pour établir un dialogue respectueux et constructif.

Quelques éléments communs aux 4 langues par niveau

Cinquième 

1. Compréhension orale : Tous les élèves sont formés pour discerner et comprendre des informations à partir de textes oraux variés. Cela comprend l’analyse de scènes de films, la détection d’expressions courantes, et l’association d’indices visuels et sonores.

2. Compréhension écrite : Dans chaque langue, les élèves apprennent à déchiffrer et comprendre différents types de textes écrits, comme des e-mails, des annonces et des récits courts, en utilisant des indices visuels et lexicaux.

3. Expression orale en continu : Les élèves sont encouragés à s’exprimer oralement, en décrivant, partageant des expériences, exprimant des opinions, et parlant de sujets familiers avec un vocabulaire approprié.

4. Interaction : La capacité à suivre des instructions, à échanger des informations sur des sujets courants, et à utiliser des formules de politesse est essentielle dans chaque langue. Les élèves apprennent également à interagir dans des échanges simples et à réagir à des déclarations.

5. Expression écrite : Que ce soit en anglais, en allemand, en espagnol ou en italien, les élèves sont formés pour rédiger des messages simples, notes et offrir leurs opinions sur des sujets familiers, en utilisant un lexique de base.

6. Médiation : Cette compétence, qui est enseignée dans les quatre langues, implique la transmission d’informations, la paraphrase, la reconnaissance et l’explication d’éléments culturels, et la facilitation de la communication interculturelle. 

Commentaire :

Même si les objectifs éducatifs semblent alignés pour les différentes langues à la fin de la 5e année, les élèves étudiant l’anglais doivent théoriquement avoir un niveau de maîtrise plus élevé en raison de l’année supplémentaire (à tout le moins), d’exposition et d’étude. D’ailleurs, les documents rappellent qu’à la fin du cycle 4, pour la LV1, tous les élèves devraient atteindre au minimum le niveau A2 dans les cinq activités langagières, et certaines activités proposées visent à les amener au niveau B1. Pour la LV2, l’objectif est d’atteindre le niveau A2 du CECRL dans au moins deux activités langagières, selon le BO n° 31 du 30 juillet 2020.

Troisième

1. Compréhension orale : Les élèves peuvent suivre l’idée générale de textes oraux variés sur des sujets familiers, y compris des bulletins d’information. Ils utilisent des indices linguistiques et extralinguistiques, comme la phonologie, pour comprendre le sens.

2. Compréhension écrite : Ils sont capables de comprendre différents types de textes, allant des courriels personnels aux récits plus complexes. Ils peuvent repérer des informations-clés, le vocabulaire pertinent, et utiliser des indices linguistiques pour en déduire ou en inférer le sens.

3. Expression orale : Les élèves peuvent s’exprimer sur des sujets familiers, malgré quelques erreurs. Ils peuvent décrire des événements, des expériences personnelles et exprimer des opinions. Ils sont également aptes à interagir, poser et répondre à des questions, et s’exprimer avec une aisance modérée.

4. Expression écrite : Ils sont aptes à réaliser diverses tâches d’expression écrite, allant de la prise de notes simples à la rédaction de textes plus élaborés. Ils peuvent écrire sur des sujets familiers, relater des événements, et défendre un point de vue.

5. Médiation linguistique et compétences interculturelles : Les élèves développent des compétences de médiation, permettant de paraphraser, résumer, et synthétiser des informations. Ils peuvent transmettre des informations entre différentes langues. Ils sont également capables d’identifier et de clarifier les références culturelles, contribuant à des échanges interculturels et facilitant la compréhension entre différents groupes.

Commentaire

Même si ces repères annuels peuvent aider à « redécouper » les programmes de cycle, néanmoins, de nombreuses questions demeurent. 

Par exemple, comment passe-t-on concrètement du niveau A2 à B1 ? Comme les descripteurs du CECRL, ces repères permettent de positionner les élèves sur un niveau du CECRL mais rien n’est dit sur comment on passe d’un niveau à l’autre.

Autre exemple : bien que la capacité à suivre des textes oraux sur des sujets familiers soit mentionnée, la manière d’évaluer cette compétence en pratique n’est pas explicitée. Les bulletins d’information, par exemple, peuvent varier considérablement en termes de complexité et de vitesse. De même,  les élèves sont censés comprendre une gamme de textes allant des courriels aux récits. Toutefois, il y a une grande différence entre comprendre un e-mail informel et analyser un récit. 

Enfin, bien qu’il soit louable d’aspirer à développer autant de compétences chez les élèves, la question de savoir si c’est réaliste de s’attendre à ce que tous les élèves atteignent ces compétences à un niveau A2-B1 demeure. Le rythme d’apprentissage varie, et certain·es élèves pourraient avoir besoin de plus de temps ou de ressources pour atteindre ces objectifs, ainsi que des effectifs moins lourds, comme nous ne manquons pas de le réclamer sans cesse au SNES-FSU.

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