Dès maintenant, les recteurs doivent déterminer la future carte des formations en lycée, avec de lourdes conséquences sur les postes et les services à la clé.

« Nous allons faire en sorte que les élèves aient un large choix, autour de sept spécialités dans leur établissement ou à proximité » , a récemment déclaré le ministre, qui poursuit en précisant que les cinq spécialités restantes « seront implantées de manière à rendre plus attractifs » les établissements « qui en ont besoin ». La liberté de choix, ultime argument de l’autorité pour justifier les réformes, apparaît désormais pour ce qu’elle est : un leurre.

Spécialités en nombre réduit

La note de service publiée le 5 septembre dernier lève le voile. Elle s’attache plus spécifiquement aux spécialités de la voie générale et vise à cadrer la procédure d’élaboration de la nouvelle carte des formations pour la rentrée 2019. Elle laisse de côté la voie technologique et ignore les enseignements facultatifs du cycle terminal et ceux de la classe de Seconde, dont les actuels enseignements d’exploration. Ainsi, le recteur fixe la carte des spécialités à l’échelle du bassin ou des réseaux d’établissements pour sept d’entre elles jugées« les plus classiques » : « humanités, littérature et philosophie », « langues, littératures et cultures étrangères », « histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques », « sciences économiques et sociales », « mathématiques », « physique- chimie », « sciences de la vie et de la Terre ». Il faut apprécier tout particulièrement la précision que ces enseignements « doivent pouvoir être accessibles dans un périmètre raisonnable », qui laisse entrevoir un accès à la formation à géométrie variable, d’autant plus que le ministère ne se dote d’aucun outil de contrôle pour veiller à l’équilibre de l’offre sur tout le territoire.

Pour les cinq autres spécialités, considérées comme« plus rares » (sic) , les implantations se font aux échelles académique et nationale. « Arts et littérature », « langues et cultures de l’Antiquité », ainsi que « numérique et sciences informatiques », « sciences de l’ingénieur » et encore davantage « biologie-écologie » sont donc claire- ment conçues comme des enseignements accessoires et réduits à du pur affichage.

Économies d’échelle

La nouvelle carte des formations est ainsi élaborée dans la perspective d’une nécessaire mutualisation des enseignements – mêlant de surcroît l’offre publique et privée. Elle implique la multiplication des conventions entre établissements, en incluant même l’enseignement à distance dans le cas des lycées isolés. Sur la base des enseignements de spécialités arrêtés par les recteurs, les établissements proposent des combinaisons, en fonction de leurs projets et des spécificités locales, sans cadrage particulier.

Les élèves de Seconde devront donc choisir très prochainement leur parcours en fonction des « attendus » de l’enseignement supérieur bien peu transparents, sans précision sur l’implantation des enseignements et dans l’ignorance de leur contenu.

Claire Guéville , Thierry Reygades

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