Le réseau privé sous contrat a toujours su cultiver l’entre-soi : une carte des formations et des options attractives, une implantation stratégique, les méthodes sont connues. Mais les indicateurs robustes manquaient pour mesurer cette ségrégation scolaire. Contraint par la justice, le ministère a dévoilé cet automne les IPS moyens de chaque collège et plus récemment ceux des lycées.

La mixité, moi non plus

Le privé ignore tout de la mixité sociale et concentre de plus en plus dans ses établissements les élèves issu-es des catégories socio-professionnelles les plus favorisées. Dans les collèges privés, 54 % des élèves étaient d’origine sociale favorisée ou très favorisée en 2020 contre 47 % en 2010 (source DEPP). A l’autre bout de l’échelle, les collèges de l’éducation prioritaire cumulent tout à la fois les difficultés sociales des familles, et économiques des quartiers les plus pauvres.

Sommé de s’expliquer, le ministre a fait des annonces en mars comme la révision de la carte de l’éducation prioritaire à horizon 2024 mais sans en donner les détails. Le SNES-FSU demande des critères transparents, concertés et nationaux et la possibilité d’y inscrire de nouveaux établissements, dont des lycées.

En binôme

334 collèges publics pourraient être associés en binôme dès la rentrée avec des affectations en Sixième permettant un brassage des élèves selon leur origine sociale. Des collèges privés pourraient aussi être sollicités mais à « cinq contre un », cinq privés pour un public, une dilution voulue pour ne pas mécontenter les familles du privé. Si les IPS moyens des collèges s’en trouveront lissés, des déclassifications REP feraient perdre des moyens spécifiques sans que la situation d’apprentissage dans les classes ne soit fondamentalement modifiée, le tout sans réelle contrainte sur le privé.

Le privé fait la quête

Le réseau privé, après avoir contesté toute mesure contraignante au nom de la liberté de choisir ses élèves, négocie aujourd’hui avec le ministre. L’inscription de quelques élèves boursiers serait envisagée contre une participation de l’État aux coûts de scolarité et de demi-pension à la charge des familles. En sélectionnant les meilleurs élèves des collèges publics à proximité, quitte à les ghettoïser un peu plus, le privé ferait donc coup double en récupérant des fonds publics ? Le SNES-FSU dénonce cette mascarade ministérielle qui prive les élèves du public des moyens nécessaires à leur éducation. Plusieurs voix se lèvent pour contester ces orientations comme celle de la FCPE. Sans remettre en cause la liberté d’enseignement inscrite dans la Constitution, le SNES-FSU poursuit son combat pour que l’argent public aille exclusivement à l’école publique.

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