La dernière note d’information de la DEPP (service statistique du ministère) vient de mettre quelques chiffres sur ce que les enseignant.e.s vivent depuis trois ans, et une fois de plus, confirme la justesse des analyses et des alertes du Snes-Fsu.

Au moins 1990 postes supprimés !

            De manière originale, la DEPP fait le compte du nombre d’heures de cours assurées par les enseignant.e.s en lycée, en les comparant à la situation d’avant la réforme. En Première et Terminale générale et technologique, le nombre d’heures de cours dispensées aux élèves a diminué de 2,6 % entre 2018 et 2020, alors que le nombre d’élèves ne diminuait que de 1,9 % (notamment sous l’effet du fort taux de réussite au baccalauréat en juin 2020) : sans surprise, la « baisse démographique » (temporaire) n’est pas mise à profit pour améliorer les conditions d’accueil des élèves, puisque les classes sont de plus en plus chargées, mais cela ne constitue pas non plus le seul rouage de la mécanique des suppressions de postes.

         Ce chiffre de -2,6 % correspond à une diminution de 35820 heures de cours, soit en équivalent-temps-plein la bagatelle de 1990 postes supprimés , rien que pour le cycle terminal !

A cela, il faudrait ajouter toutes les heures disparues au niveau de la classe de Seconde où se cumulent les effets de la disparition des enseignements d’exploration obligatoires et de l’effondrement des options.

Moins d’enseignements

En pratique, l’organisation du nouveau lycée aboutit à une hausse globale du nombre d’heures de cours stricto sensu (+30 220), mais la suppression des TPE (avec un Grand oral qui n’a pas de plage horaire de préparation), ou la remise en cause de facto de dispositifs comme l’accompagnement personnalisé et les « heures à effectifs réduit », entraînent une coupe de 66040 heures d’enseignement. Ces chiffres illustrent bien ce que le Snes-Fsu explique depuis très longtemps : en détachant les dispositifs d’enseignement des  disciplines, on facilite à la fois la flexibilité des personnels, et les suppressions de postes à terme.

Des disciplines sinistrées

            Plusieurs disciplines paient un tribut particulièrement lourd. Les disciplines technologiques (hors économie-gestion) subissent une baisse de 27 % de leur nombre d’heures de cours, et les mathématiques une chute de 18 %. Les cas des SES est édifiant : alors que le nombre d’élèves qui suivent cet enseignement augmente, le nombre d’heures d’enseignement dans la discipline diminue de 13 %, en grande partie sous l’effet de la disparition de l’accompagnement personnalisé et des heures en demi-classe, mais aussi de la diminution des horaires disciplinaires au sens strict.

Toujours plus de travail, encore moins de collectif

            Au-delà des enjeux de postes, la note de la DEPP donne des indices chiffrés de l’explosion du groupe-classe entraînée par la réforme dans la voie générale. En 2018, en moyenne, 18 enseignants intervenaient dans les classes de 1ère et de Terminale, contre respectivement 30 et 28 en 2020. Les « équipes éducatives » de chaque classe sont ainsi devenues pléthoriques, floues et éclatées (chaque intervenant n’ayant qu’une partie de la classe, et certaines disciplines étant découpées entre plusieurs enseignants), rendant le travail en commun (et le travail des professeurs principaux) de plus en plus compliqué : il est devenu presque impossible de savoir avec quels collègues on travaille ! En sens inverse, on voit qu’en 2018, un enseignant intervenait dans 6,4 divisions en moyenne, contre 7,7 en 2020. Cela traduit d’une part un alourdissement de la charge de travail (davantage de classes différentes, c’est davantage d’élèves à connaître, et de copies à corriger). Cela illustre d’autre part le fait que, dans les groupes de spécialités, les enseignant.e.s suivent des élèves venant de davantage de classes, avec davantage de conseils de classes auxquels il faut participer (en s’épuisant)… ou renoncer (en se privant ainsi d’un outil de suivi des élèves et de travail en équipe).

            Cette dernière publication de la DEPP contribue à tirer le bilan de la réforme Blanquer du lycée. Et sans grande surprise, ce bilan est assez conforme à ce que les analyses du Snes-Fsu avaient annoncé : il est désastreux.

On retrouvera ci-dessous toutes les analyses du SNES-FSU dans les articles publiés ces derniers mois :


Vos questions
Le Snes défend les droits individuels et collectifs. Vos représentants vous répondent, vous conseillent et vous accompagnent.
Accès à la FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse, posez-nous votre question