Le cadrage national des « attendus» en licence vient d’être publié par le ministère de l’Enseignement supérieur.

Il s’agit en théorie de permettre aux lycéens de formuler leurs vœux d’affectation en connaissance de cause. Sur la plateforme d’affectation post-bac « Parcoursup », chaque formation devra préciser la variante locale de ses exigences en fonction desquelles les conseils de classes des lycées poseront un avis, répertorié dans la « Fiche avenir ».

Des effets dissuasifs

Certains attendus sont très généraux : possession « d’un bon niveau de culture générale », de « capacités d’argumentation », de « logique et de synthèse »… D’autres attendus semblent avoir pour seul objectif de dissuader les lycéens de déposer leur candidature. Par exemple, passer au préalable un test de positionnement est nécessaire pour s’inscrire en droit.

Les bacheliers littéraires semblent être les grands perdants de ce dispositif car beaucoup de formations demandent un bon niveau en maths ou en sciences, en particulier la psychologie et les STAPS. De même, les bacheliers technologiques risquent aussi d’être systématiquement exclus des formations qui correspondent aux spécialités de leur bac par une mise en avant des compétences scientifiques générales et celles d’expression écrite et orale.

Une logique de discrimination

Par ailleurs, des compétences « com­por­tementales » peuvent donner matière à des interprétations très diverses donc inégalitaires voire discriminantes du fait de l’origine sociale. L’entrée en médecine est conditionnée à la qualité d’empathie et STAPS valorise l’engagement associatif. Or les lycéens n’ont pas tous le loisir de s’investir dans des associations soit parce qu’ils travaillent, soit parce qu’ils sont dans des territoires très enclavés.

Tout se passe comme s’il était désormais nécessaire de vérifier par d’autres moyens les connaissances et compétences que le bac est censé certifier. Ces attendus régleront peut-être la question de l’insuffisance des capacités d’accueil, mais ils vont surtout évincer les jeunes les plus fragiles et renforcer la sélection sociale.

Sandrine Charrier

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