Par une lettre au comité de suivi de la réforme du lycée, Jean-Michel Blanquer annonce divers aménagements.

Alors que la défiance qui s’exprime à son égard n’a jamais été aussi élevée, J.-M. Blanquer tente de revêtir le costume d’un ministre à l’écoute de la profession.

– Français : le SNES-FSU partiellement entendu
Contraint de reconnaître le bien-fondé des demandes du SNES-FSU et de la profession, le ministre annonce le renouvellement des programmes chaque année par quart et non plus par moitié, 20 à 24 textes à étudier en voie générale (au lieu de 24) et 13 à 16 en voie technologique (au lieu de 16). En revanche, en ce qui concerne la suppression de la question de grammaire à l’oral de l’EAF, et le respect de la liberté pédagogique sur les choix des œuvres et des méthodes d’analyse des textes, le SNES-FSU n’a pas été entendu.

– Anglais : spécialité nouvelle
Une nouvelle spécialité « anglais, monde contemporain », davantage tournée vers « la lecture de la presse » et « l’expression orale » est annoncée. Le caractère ardu des programmes des spécialités langues, littérature et cultures étrangères et régionales met en difficulté élèves et professeurs, mais en créant cette spécialité, Jean-Michel Blanquer va accroître la concurrence entre les spécialités. Rien n’est dit sur la dotation en heures. Les lycées vont donc devoir faire des choix douloureux. Rien n’assure aujourd’hui que la spécialité « anglais monde contemporain » sera ouverte partout et accessible à tous. Le ministre assure également qu’elle fera une place de choix à l’expression orale, mais sans les moyens nécessaires pour diminuer les effectifs aujourd’hui pléthoriques. En choisissant de séparer l’enseignement des langues vivantes entre la dimension littéraire et la dimension communicationnelle, le ministre réactive un clivage stérile et non pertinent. Une langue vivante doit être étudiée dans toutes ses dimensions dans un même enseignement.

– Mathématiques : le délire continue
Au lieu de reconnaître le problème posé par des programmes trop lourds et unanimement décriés, le ministre pointe du doigt des problèmes pédagogiques, renvoyant ainsi la responsabilité aux professeurs et propose comme seule réponse de « travailler à renforcer la constitution de groupes de compétences ». En clair, on revient aux classes ou groupes de niveau. Ainsi, dès la fin de la Seconde, s’instaurerait une nouvelle forme de sélection par l’échec.

Le ministre indique que « dans tous les lycées qui proposent l’enseignement de spécialités mathématiques, les élèves pourront suivre l’enseignement “mathématiques complémentaires” en Terminale ». Rien n’est moins sûr, la question du financement n’étant pas abordée.

Des professeurs référents

Le ministre annonce des conseils de classe d’enseignements de spécialité et le remplacement des professeurs principaux par des « professeurs référents d’un groupe d’élève ». Plutôt qu’alourdir la charge de travail des professeurs avec des changements discutables d’un point de vue pédagogique, le ministre devrait plutôt s’interroger sur l’éclatement du groupe classe qui met en difficulté les élèves et dénature une partie de l’accompagnement pédagogique.

En outre, rien n’est dit sur la lourdeur de nombreux programmes, notamment en SES, histoire-géographie, dans les séries technologiques. Le SNES-FSU avait interpellé le ministre dès octobre sur la question.

Dans la précipitation, le ministre tente de sauver sa réforme, mais la plupart de ces aménagements n’en sont pas et ne vont pas résoudre les problèmes pointés. Ils vont même en créer de nouveaux. C’est la réforme dans son ensemble qu’il faut revoir.

Sandrine Charrier

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