Si le SNES-FSU est attaché à l’unité du second degré, que le gouvernement s’ingénie pourtant à détricoter, ce n’est pas par corporatisme. C’est avant tout parce que de nombreuses études scientifiques prouvent son efficacité au service de la réussite des élèves du collège et du lycée.

À l’heure où la ministre répète à l’envi que la scolarité obligatoire s’arrête avec la validation du socle en Troisième, tout un arsenal de textes vient très concrètement conforter le principe d’un collège arrimé au primaire. En miroir, le lycée voit son lien renforcé avec le supérieur dans un « continuum bac –3 bac +3 ». Dans ce contexte, un stage national organisé par le SNES-FSU a réuni une cinquantaine de militants à Paris les 4, 5 et 6 novembre dernier pour réfléchir à l’unité du second degré, gage de sa démocratisation.

Les contributions d’universitaires ont pu nourrir la réflexion sur les thèmes de la mixité sociale, de l’interdisciplinarité, de l’innovation pédagogique et du numérique ou bien encore de l’impact des réformes éducatives sur le métier enseignant.

À quelles conditions l’interdisciplinarité au collège et au lycée est-elle possible ? À qui profite-t-elle ? s’est interrogée E. Bautier, professeure de sciences de l’éducation (Paris 8). Elle voit particulièrement la source des inégalités naître dans cette quête obsessionnelle de la motivation qui devrait désormais fonder toute activité pédagogique en convoquant l’expérience personnelle des élèves. La démarche interdisciplinaire met ainsi l’élève issu de milieux populaires en difficulté, car elle le renvoie trop souvent à son expérience, et peine à la transformer en savoirs. Ces mécanismes sont déjà observables au lycée avec les TPE et risquent de se généraliser avec les EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires).

Décrypter et proposer

E. Bruillard (ENS Cachan, IFE ENS-Lyon) inscrit ses recherches dans l’articulation entre l’informatique, les sciences de l’éducation et celles de l’information et de la communication. Il s’est attaché à évaluer l’impact des innovations technologiques sur les pratiques, la réalité étant, selon lui, bien différente du projet initial.

Enfin, C. Giraudon, de l’université de Rennes, étudie les effets de la réforme Chatel sur le collectif de travail en lycée. Elle a dressé le constat d’une perte généralisée des repères, particulièrement sensible en accompagnement ­personnalisé, pour nombre d’élèves.

La richesse des échanges prouve s’il le fallait encore que la formation syndicale est une ouverture sans pareil pour décrypter les enjeux des réformes et envisager d’autres projets ­éducatifs.

Claire Guéville

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