En même temps sont éliminés les deux partis, LR et PS, qui structurent la vie politique depuis les années 1970.

Premiers éléments d’analyse
Les disparités régionales dont la presse s’est faite l’écho sont grandes et rendent difficile toute analyse unicausale. La juxtaposition du vote FN avec la carte de la désindustrialisation laisse penser que les dégâts de la mondialisation sont grandement responsables de cette montée de l’extrême droite. Cette même carte correspond aux difficultés de la scolarisation et de la démocratisation. Ce vote est particulièrement élevé dans des localités où les services publics ont été malmenés ces dernières années.
Les résultats importants et eux aussi géographiquement relativement concentrés de Jean-Luc Mélenchon sont également notables et montrent qu’une partie de la population ne se résigne pas aux régressions sociales et a voulu dire non au programme libéral que proposaient F. Fillon et E. Macron. Le score de ce dernier peut s’interpréter diversement mais, pour une part, il a consisté en un « vote utile » anti M. Le Pen et le niveau d’adhésion de son électorat au programme du candidat est le plus faible parmi les quatre premiers.

Des origines profondes
La situation à laquelle nous devons faire face est le produit d’une histoire qui remonte aux années 1980 et à la (ré)apparition en France d’une extrême droite qui avait disparu avec le rejet de la collaboration et des guerres coloniales. Elle a prospéré, faisant des reculs sociaux son principal aliment et du racisme son ciment pour agglomérer des colères et stigmatiser les immigrés comme responsables de tous les dysfonctionnements : chômage, insécurité, crise de la protection sociale, fiscalité…
Cette situation est aussi le résultat du renoncement d’un gouvernement qui pendant cinq ans et malgré les promesses du candidat Hollande n’a cessé de proposer de s’aligner sur une politique européenne de soumission des intérêts des salariés aux nécessités des marchés financiers. C’est le produit enfin d’une politique scolaire qui a fait fi des avis des professionnels que nous sommes.

Retour de l’ultra droite
Marine Le Pen a su dissimuler au grand public les marqueurs de l’extrême droite historique. Mais quand, juste avant le 1 er tour, elle a pensé que sa qualification n’était pas certaine, ont été ressortis tous les oripeaux de la vieille droite ultra : « la France aux Français » criaient spontanément ses militants, venant rappeler bien opportunément que le FN n’est pas un parti comme les autres. Avec lui, les fondements de la démocratie sont remis en cause : les libertés publiques et individuelles, le droit de presse et d’expression, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs… Son élection ferait courir un risque majeur à l’indépendance des fonctionnaires vis-à-vis du pouvoir politique et aux libertés pédagogiques des professeurs.
Enfin, ce parti est bien décidé à retirer aux salariés les moyens de résister, d’intervenir et de s’opposer à une perspective totalitaire. Le droit syndical est en première ligne et en cas d’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen, il ne faudra pas attendre très longtemps pour que les organisations syndicales soient, comme sous tous les régimes totalitaires, ou simplement autoritaires – tels en Hongrie, Pologne, Turquie… –, harcelées, pourchassées, interdites… et au bout du compte remplacées par des organisations inféodées au pouvoir d’État.

Ne pas rester spectateur
Sur la base de ces analyses, comment rester spectateur d’une élection qui, en tant que fonctionnaire, enseignant, citoyen nous concerne directement ? Le SNES-FSU tient à son indépendance, réunissant en son sein une diversité de sensibilités politiques qui n’interviennent pas quand il s’agit de prendre des positions syndicales. Il n’a jamais fait campagne et se garde de tout soutien à tel ou tel candidat ou parti. Mais, tout au long de son histoire, il ne s’est jamais contenté d’une défense des personnels qui en ignorerait les dimensions politiques.
Quand vient le moment de se décider pour le deuxième tour, chacun agira avec sa sensibilité, son histoire personnelle, son contexte et sa situation. Pour le SNES-FSU, il est de sa responsabilité de peser les dangers, d’analyser et hiérarchiser, et de faire connaître ses positions. C’est ce qu’il fait aujourd’hui en considérant qu’il faut à la fois barrer la route au Front national et construire les mobilisations sociales contre les politiques libérales qui font le lit de l’extrême droite.

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