Les résultats d’admission du premier CAPES à gros effectifs ont été publiés ce 1er juillet. Une fois n’est pas coutume, le jury d’Anglais a décidé d’adjoindre à la liste principale des 832 candidat-e-s reçu-e-s, une liste complémentaire de 30 noms. C’est peu en comparaison de la baisse du nombre de postes mis au concours (832 au lieu de 949 postes tous pourvus l’an dernier), mais cette décision tranche avec la pratique commune : il n’y a de listes complémentaires, pour le moment, pour aucun CAPET, pour quatre CAPES seulement (italien , anglais, portugais et 3e concours allemand), et pour six agrégations (italien, SII méca, élec, info, écogestion A, marketing). Aux concours internes, où pourtant toutes les disciplines font le plein (sauf les Lettres classiques), aucune liste complémentaire n’a été établie.
Établir ces listes complémentaires, c’est d’abord en principe obligatoire ; les textes prévoient en effet que « pour chaque section des concours, le jury établit par ordre de mérite la liste des candidats admis. Il établit une liste complémentaire afin de permettre le remplacement de candidats inscrits sur la liste principale d’admission qui ne peuvent être nommés ou, éventuellement, de pourvoir des vacances d’emplois survenant dans l’intervalle de deux concours »[[article 22 du décret n° 72-581 du 4 juillet 1972 relatif au statut particulier des professeurs certifiés, modifié par le décret n°2013-768 du 23 août 2013 à l’article 22 ; article 5-IV de décret n° 72-580 du 4 juillet 1972 relatif au statut particulier des professeurs agrégés, modifié par le décret n°2013-078 du 23 août 2013]].
Établir ces listes complémentaires, c’est une décision de bon sens quand on sait l’importance des doubles admissions, à l’origine d’environ 700 désistements chaque année, dans toutes les disciplines, même attractives.
Un certain nombre des 832 lauréat-e-s du CAPES d’anglais seront reçu-e-s à un autre concours (CAPLP, agrégation…) et renonceront au bénéfice du CAPES : grâce à la liste complémentaire, d’autres lauréat-e-s seront recruté-e-s à leur place ce qui permet de ne pas perdre leurs postes !
Au contraire en Biotechnologie Génie Bio, en l’absence de liste complémentaire au CAPET, 3 candidat-e-s reçu-e-s à la fois au CAPET et à l’agrégation externes vont libérer 3 postes, impossibles à pourvoir : le « sang neuf » ne sera que de 14+10 au lieu des 17 + 10 programmés. Quant à reporter ces 3 postes du CAPET externe sur le concours interne, c’est impossible : il n’y a pas été fait de liste complémentaire non plus.
Avec des listes complémentaires, les disciplines les plus déficitaires, à défaut de faire le plein à l’externe, pourraient au moins titulariser via l’interne, par report des postes non pourvus. En l’état, l’absence totale de liste complémentaire aux concours internes 2019 va au contraire aggraver le sous-recrutement. Seront ainsi perdus, parce qu’inutilisables à l’interne, 100 postes non pourvus au CAPES externe d’Allemand, 36 autres au CAPET externe d’Ecogestion Comptabilité, 4 encore au CAPET d’ Ecogestion Informatique, etc.
Pour les disciplines les plus vulnérables, c’est la triple ou quadruple peine : en Lettres Classiques, 65 postes sont perdus avant même les oraux du CAPES externe (80 admissibles pour 145 postes offerts), au CAPES interne 18 restent non pourvus sur 26 offerts, 6 sont déjà perdus au 3e concours dès l’admissibilité, et pour tout arranger, 17 postes non pourvus à l’agrégation externe pourraient être perdus, faute de liste complémentaire à l’agrégation interne ?
En Maths, si on peut espérer que les agrégations (externe, spéciale et interne) fassent le plein, le 3e concours a laissé 34 postes inemployés, et les 1706 admissibles au CAPES externe risquent de ne pas consommer ses 1200 postes ; or à l’interne, dont les postes sont couverts, aucune liste complémentaire n’existe : alors que le déficit de recrutement dans la discipline pourrait être limité, la posture adoptée par le ministre et le DGRH va l’aggraver.
Le Ministre de l’Éducation Nationale se targue de réfléchir à l’attractivité du métier d’enseignant. Le levier, disponible dès aujourd’hui, qui lui permettrait de pourvoir, au moins dans les disciplines qui ne sont pas déficitaires, tous les postes qu’il a lui-même proposés, c’est l’établissement systématique de listes complémentaires, dans le respect des textes en vigueur, de l’indépendance des jurys et de l’enveloppe budgétaire. Pourquoi ne le demande-t-il pas tout de suite à tous les jurys ?
Faire une liste complémentaire ne coûte rien, les emplois à pourvoir étant déjà financés au budget. En revanche ne pas faire de liste complémentaire, c’est ne pas pourvoir à la hauteur de ce qui a été voté par le Parlement et prévu par les services ministériels eux-mêmes. Et aggraver la pénurie d’enseignants titulaires alors qu’il y a plus d’élèves à la rentrée.

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