Les mathématiques subissent de plein fouet une réforme qui fait peu de cas de la didactique et de la pédagogie, et piétine allégrement les conclusions de la Mission mathématiques Villani-Torossian, notamment la recommandation d’introduire un enseignement « de réconciliation » avec les mathématiques.

L’envers du décor

Les grilles prévues impliqueront des pertes horaires (moins d’heures en groupes à effectifs réduits) et, contrairement à ce que clame le ministère, beaucoup d’élèves arrêteront de fait les mathématiques en fin de Seconde. Il est dommage que les programmes de Première et de Terminale n’aient pas été pensés en articulation et publiés en même temps.

Pour l’ensemble des programmes de la Seconde et de la voie générale, on assiste au retour de la démonstration… mais on note aussi beaucoup d’activités « numériques » qui font courir le risque que la forme prime sur le fond du contenu mathématique.

Seconde : un programme emblématique

Le programme de Seconde, entre volonté de renouer avec les « classiques » et alourdissement certain par rapport à l’existant, est ambitieux et pourrait bien décourager les élèves à poursuivre en Première : il illustre toute la problématique de la réforme pour les mathématiques, qui redeviennent un outil de sélection en sortant du tronc commun à partir de la Première générale.

Première générale : la nostalgie de la série S ?

En voie générale, le programme de spécialité de Première est le plus problématique, car proche de celui de la série S des années 2000, voire des années précédentes, mais en quatre heures au lieu de six.

Nombre d’élèves seront face à un dilemme : abandon des mathématiques en fin de Seconde (comment pourraient-elles tenter les actuels profils ES ?), ou une à deux années difficiles en conservant des mathématiques pour une orientation plus ouverte.

Terminale générale : articulations incertaines

L’option de mathématiques complémentaires de Terminale, pensée pour l’accès au supérieur (Médecine, Sciences sociales et économie etc.), risque donc d’offrir à un public fort hétérogène un contenu à la cohérence incertaine. Concernant la spécialité de Terminale, et son articulation avec l’option mathématiques expertes, nous sommes toujours dans l’expectative. Les premiers éléments concernant cette spécialité confirment l’ambition des programmes et laissent penser à un retour à ceux de l’ancienne Terminale C.

Voie technologique 

En rapport avec d’autres disciplines, et bien que souvent réduits à des « outils », les contenus peuvent faire sens pour les élèves. Des notions parfois non abordées en voie générale y figureront (nombres complexes en STI2D par exemple). Hors STHR, à programme spécifique, l’enseignement des mathématiques y sera à double entrée : dans le tronc commun (avec une variante en STD2A) et au sein des spécialités mathématiques-physique (STL, STI2D), mais avec un horaire variable localement, car non fixé dans les textes. Faire acquérir des automatismes peut être une bonne idée, cependant le probable pilotage par le contrôle continu risque d’imposer des activités qui pourraient empiéter sur la résolution de problèmes, ou une étude un tant soit peu approfondie des notions.

Les propositions du SNES-FSU

  • Revoir des programmes trop lourds et facteur de tri social ;
  • Pour les séries technologiques l’enseignement des mathématiques doit se décliner de façon différente selon les séries en lien étroit avec les disciplines dominantes ;
  • L’introduction d’éléments d’épistémologie pour donner plus de sens à la discipline ;
  • Les mathématiques ne doivent pas être considérées comme une trousse à outils au risque de renoncer à la formation de l’esprit critique par les mathématiques. Il faut redonner une plus grande part à la démonstration plutôt que l’application de « recettes » : apprendre aux jeunes à établir une preuve participe aussi de la formation citoyenne et de l’acception du débat, de l’acquisition de formes d’argumentations qui viennent compléter celles développées dans d’autres disciplines.
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