Certains chefs d’établissement jouent parfois de la fatigue accumulée de leurs équipes pour imposer des projets ou des expérimentations qui n’emportent pas toujours leur adhésion : modalités d’évaluation, fonctionnement en semestre, mise en place de projets impactant les services, par exemple une expérimentation d’école du socle ou de « Sixième tremplin » comme dans les TER de l’académie d’Amiens par exemple dans lesquelles les apprentissages fondamentaux seront renforcés et où pourront être organisés des échanges de service premier-second degré.

Le SNES-FSU propose de rappeler quelques règles qui régissent le fonctionnement des collèges et les diverses expérimentations. Ce sont des outils réglementaires puissants qui permettent de défendre nos droits. Il est important également de souligner que c’est grâce au collectif que l’on peut résister aux pressions hiérarchiques et conserver son énergie de travail pour des projets pédagogiques choisis.

1. Les expérimentations doivent être votées en CA (École du socle avec ou sans échanges de service avec le primaire, « classe coopérative »…)

L’autonomie des établissements, c’est avant tout l’autonomie des conseils d’administration des établissements (ce que de nombreux personnels de direction semblent oublier…). Il est essentiel de rappeler que de nombreuses décisions (expérimentations, mise en œuvre de l’autonomie pédagogique et éducative, projet d’établissement…) sont des compétences du CA.

Les « projets » sont souvent utilisés pour contourner le caractère national du système éducatif. Une fois inscrits dans le projet d’établissement ou le règlement intérieur, ils peuvent s’imposer à la liberté pédagogique des professeurs. Il faut donc bien examiner leurs contenus.

La loi « Pour une école de la confiance » comporte un article qui permet d’étendre l’expérimentation à l’organisation horaire des enseignements. Sous couvert d’adaptation au local et d’expérimentations, les EPLE sont mis en concurrence et la liberté pédagogique des enseignants est malmenée.

Le SNES-FSU est favorable à ce que la construction du projet d’établissement soit un moment de démocratie permettant aux collègues d’exprimer leurs attentes, leurs besoins en termes de moyens, mais aussi les atouts locaux afin de dégager un projet cohérent, ambitieux pour les élèves et respectueux des enseignements et de la liberté pédagogique des professeurs et CPE.

La bataille doit se mener à toutes les étapes de l’élaboration du projet et bien entendu en CA, instance qui décide en ce domaine, sur proposition des équipes pédagogiques.

LES TEXTES

Compétences du conseil d’administration R421-20
Projet d’établissement R.421-3
Contrat d’objectifs R.421-4.
Texte législatif relatif à la liberté pédagogique. Art.L.912-1-1 du code de l’éducation
« La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l’Éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d’inspection. Le conseil pédagogique prévu à l’article L.421-5 ne peut porter atteinte à cette liberté. »

2. L’oral du DNB: l’action collective peut payer

Depuis des années, il est aberrant de voir que les personnels ne sont pas indemnisés pour la passation d’oraux d’examen quand il s’agit de l’oral du DNB. De nombreux collègues et le SNES-FSU se mobilisent dans la bataille pour une juste prise en compte du travail des personnels.

voir aussi: https://www.snes.edu/article/examens-2022-tout-travail-merite-salaire/

3. Évaluation des bilans de fin de cycle

Mises en place à marche forcée lors de la réforme du collège, les évaluations des bilans de fin de cycle sont un moment particulièrement pénible pour les équipes qui le vivent comme un mépris de leur travail. C’est particulièrement le cas en fin de Troisième (cycle 4) où ces bilans comptent pour le DNB mais aussi pour l’affectation des élèves. L’exercice, en plus d’avoir peu de sens (comment évaluer sur 4 niveaux des éléments aussi large que la formation de la personne et du citoyen…) peut donner lieu à des dérives inquiétantes et culpabilisantes pour influencer les débats. Certains chefs d’établissement influent sur l’évaluation des bilans de fin de cycle, soit en la modifiant, soit en cadrant l’évaluation des enseignants en réunion par des données statistiques à laquelle il faudrait se conformer.

A propos du LSUN 

L’évaluation, un enjeu de métier

4. Ne pas hésiter à utiliser les heures mensuelles d’information syndicale

Le Conseil pédagogique est une instance sans pouvoir à la main de la direction.

A l’occasion des réunions ou conseils pédagogiques de fin d’année, certains chefs d’établissement peuvent chercher à imposer des modes de fonctionnement de l’établissement contre l’avis des enseignants. L’accélération de l’autonomie des collèges passe par la multiplication de dispositifs non réglementaires : « quart d’heure lecture », « l’anglais au quotidien », etc. qui sont autant de leviers pour différencier les collèges. Ils ne doivent pas empiéter sur les enseignements ni restreindre la liberté pédagogique des enseignants.

Le conseil pédagogique n’est qu’une instance consultative. Elle n’a pas la prérogative de décider quoique ce soit sur le fonctionnement de l’établissement .

Faites exister les débats dans votre établissement pour permettre d’organiser son fonctionnement en accord avec les personnels !

C’est un des rôles du SNES-FSU d’organiser ce collectif. En lien avec vos sections SNES-FSU départementales et académiques, préparez ces discussions  en déposant des Heures mensuelles d’information syndicale (HMIS) permettant d’avoir des débats sans regard hiérarchique, de construire des réactions collectives, des argumentations que vous pourrez porter à plusieurs par la suite en conseils pédagogique, en réunions plénières et en CA.


5. AP et EPI

Dispositif chimérique mis en place en septembre 2016 avec la réforme du collège, l’Enseignement pratique interdisciplinaire ou EPI  a disparu corps et bien au fil du temps. Les EPI résiduels sont, en fait, les projets interdisciplinaires que des collègues auraient de toute façon mis en œuvre par choix avec des collègues comme certains le faisaient auparavant avec des moyens horaires suffisants.

 Le SNES-FSU rappelle qu’ aucun texte réglementaire n’oblige à faire apparaître EPI et/ou AP dans l’emploi du temps. Ils font partie intégrante de nos enseignements disciplinaires et leur contenu dépendent des programmes. Certains chefs d’établissement exigent en juin des fiches de projet pour les EPI de la rentrée suivante. Ce n’est pas réglementaire.

6. Dispositifs d’aide 

Le ministère communique sur le renforcement de Devoirs faits (DF), voire des e-devoirs faits, prétendant ainsi combler les inégalités scolaires. Cette communication se confronte à une plus dure politique budgétaire car dans de nombreux départements (ex: académie de Bordeaux, Haute-Saône,…), l’enveloppe d’heures supplémentaires effectives (hse) attribuées à devoirs faits fond comme neige au soleil et ne couvre pas l’ensemble de l’année scolaire. La circulaire de rentrée 2021 indiquait que ce dispositif perdait son caractère facultatif pour les élèves de Sixième signalés en difficulté ». La démarche contrainte pour l’élève ne garantira pas davantage de progrès ! C’est dans la classe qu’il faut pouvoir accompagner les élèves, en multipliant les demi-groupes comme le SNES-FSU le revendique pour cette rentrée après  3 années sous COVID.

www.snes.edu/Vademecum-Devoirs-faits.html

7. Français-culture antique en Sixième

Depuis 2021, sous prétexte d’aider les élèves en français, le ministère expérimente une option en Sixième: français culture antique. Elle n’est pas systématiquement accompagnée de financement spécifique ; sa mise en place se fait souvent avec des heures de la marge d’autonomie. L’éclairage de la langue française par la grammaire latine est illusoire, tel qu’il est envisagé dans le programme, à plusieurs titres. Dans certains établissements, on constate déjà que ce ne sont pas les élèves en difficulté qui choisissent cette option mais un public socialement plus favorisé. Or, une ouverture plus large vers la culture antique devraient être possibles pour tous les élèves ».

Le dispositif Mare nostrum se présente sous la forme d’un projet interdisciplinaire entre les langues anciennes et une ou deux langues vivantes étrangères ou régionales. Le projet des élèves peut être évalué au DNB. L’organisation concrète, les modalités de concertation pour accompagner les élèves dans leur projet et surtout le financement des heures élèves, probablement en HSE, ne sont pas précisés.

6. Imposition de classes « sans notes » versus liberté pédagogique.

Le ministère laisse libre cours à l’évaluation “sans notes” en collège sous prétexte d’innovation et d’autonomie des établissements. Elle permet à des chefs d’établissement de s’immiscer dans les pratiques pédagogiques des enseignants. C’est pour certains d’entre eux un puissant  outil de management. L’expérience montre, que dans les établissements où les enseignants résistent collectivement, ce type de projet est rapidement abandonné. Certains principaux ont imposé une double évaluation tout au long de l’année pour « préparer » l’évaluation des bilans de fin de cycle; ce fonctionnement n’est pas réglementaire. Une fois la charge de travail doublée, les enseignants acceptent plus facilement de glisser dans un système unique d’évaluation « sans notes » afin d’éviter de travailler en « double tâche ».

Classes « sans notes »: ce n‘est pas obligatoire 

Évaluation: ne rien se laisser imposer

8. Programmes

Depuis juin 2020, le SNES-FSU demande des aménagements des programmes qui ne peuvent pas être traités dans le temps d’enseignement imparti, réduit par les différentes situations imposées par la crise sanitaire (confinements, demi-jauges, fermetures de classe, élèves en isolement….). Des concertations étaient prévues en mai 2021 mais le ministère les a annulées à la dernière minute. Vous trouverez en ligne (https://www.snes.edu/article/rentree-2021-necessaires-amenagements-de-programmes/) les propositions d’allégement que nous avons soumises à l’Inspection générale. Elles peuvent permettre de lancer le débat avec les collègues.

Le SNES-FSU demande la suppression du bilan de fin de cycle au profit d’une évaluation permettant de prendre en compte toutes les disciplines.

9. Section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA)

Prévue par la circulaire n° 2015-176, l’inclusion des élèves est variable d’une SEGPA à l’autre. Souvent imposée, elle pose de redoutables problèmes organisationnels et pédagogiques. La SEGPA n’est pas une ULIS et ne doit pas devenir un simple dispositif au même titre que les PPRE. Il faut donc rester vigilant pour éviter toute dilution partielle de cette structure dans le collège. Il faut aussi être attentif à ce que les élèves bénéficient des heures de marge et des dédoublements en ateliers.

10. Que va-t-il advenir de l’éducation prioritaire?

La réforme de l’éducation prioritaire avance à bas bruit à coups de CLA et de cités éducatives. La délabellisation des REP demeure en suspens.

Dossier éducation prioritaire du SNES-FSU

11. Effectifs par classe : toujours à la hausse

Alors qu’il y a moins d’élèves au collège depuis la rentrée 2020, les effectifs par classe continuent d’augmenter à cause des suppressions de poste. Cela induit des conditions de travail et d’étude toujours plus dégradées pour les élèves et les professeurs. Les suppressions de classe ont des impacts très lourds avec la démultiplication des compléments de service.

12. Professeur principal : c’est la surcharge !

De part la multiplication des missions liées aux professeurs principaux avec la mise en place de la circulaire de 2018, de plus en plus d’entre eux sont débordés. Nombreux sont les professeurs qui refusent cette mission ou frôlent le burn-out à cause d’elle.

Il est important de rappeler que cette mission ne peut pas être imposée .


De plus, le SNES-FSU rappelle son attachement aux équipes pluri-professionnelles. L’orientation ne peut pas être portée par les professeurs principaux (ou des associations qui font de l’entrisme). Depuis de nombreuses années, les missions d’orientation des Psy-EN sont sans cesse reniées notamment avec l’absence de recrutement.

Et toujours notre dernier supplément sur le collège

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