La COP28 sur le climat, qui s’est ouverte à Dubaï le 30 novembre, s’est conclue le 13 décembre, avec une journée de retard par rapport au calendrier initial. Comme pour toutes les COP, il était prévu de conclure par un texte approuvé à l’unanimité. Mais il a fallu pour cela une journée supplémentaire en raison des fortes tensions et désaccords qui se sont exprimés sur le premier projet de texte conclusif. Celui-ci a été jugé largement insuffisant par les pays qui subissent le plus les effets du réchauffement climatique mais aussi par l’Union européenne ou les États-Unis. Il y avait donc un risque important pour qu’aucun texte ne soit adopté.

Une pluie de polémiques

Cette 28e conférence sur le climat avait pour sujet central, et pour la première fois, l’ensemble des énergies fossiles, dont l’usage provoque 90 % de l’émission du CO2 responsable du réchauffement climatique. Mais les critiques ont été vives, avant même son ouverture, car les Émirats arabes unis, organisateurs, sont le cinquième plus gros émetteur de CO2 par habitant de la planète. Son ministre de l’industrie, Sultan Ahmed Al Jaber, a présidé cette conférence tout en étant aussi le PDG de la compagnie nationale de… pétrole. Il en a en scandaleusement profité pour passer de nouveaux contrats d’exportation d’hydrocarbures.

Par ailleurs, la coalition d’ONG Kick Big Polluter Out a identifié 2 456 lobbyistes des énergies fossiles accrédités à participer, soit quatre fois plus qu’à la COP précédente.

Enfin, l’OPEP, par l’intermédiaire de l’un de ses représentants, a ouvertement fait pression pour que les pays producteurs de pétrole refusent tout texte qui prendrait pour cible les énergies fossiles. Les polémiques ont aussi concerné le gouvernement français, qui affiche sur la scène internationale la nécessité de sortir des énergies fossiles tout en intégrant le PDG de Total dans sa délégation et en autorisant l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole sur le territoire national. Pourtant, selon l’Agence internationale de l’énergie, « aucun nouvel investissement dans des projets d’exploitation du pétrole, du gaz ou du charbon n’est compatible avec l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 ».

Une transition bel et bien compromise

Le texte qui a été finalement soumis à l’approbation le 13 décembre comprend un engagement très hypothétique à une « transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques ».

L’objectif de neutralité carbone en 2050 est rappelé mais il est associé à l’idée qu’on peut compenser les extractions grâce à la captation et au stockage du CO2. Aucune échéance plus précise et opérationnelle n’est prévue pour une véritable sortie de ces énergies fossiles. Le texte affiche par ailleurs un objectif de triplement de la production des énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique pour 2030.

C’est donc un compromis entre les parties en présence, mais loin des réalités. Il s’agit en fait de préserver les intérêts de pays producteur de pétrole ou de charbon ainsi que la possibilité de produire de l’électricité grâce au gaz pour une large partie de la population mondiale. Cette conférence, n’a pas non plus permis d’avancer significativement sur les fonds d’aides aux pays et aux populations touchés par les effets du dérèglement climatique.

Mauvaise histoire de COP
Les COP sont des conférences internationales annuelles réunissant des représentants des pays qui ont signé lors du sommet de la Terre de Rio de 1992 la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Parallèlement à ces COP très médiatisées, il existe aussi des conférences des parties sur la biodiversité et sur la désertification découlant des deux autres conventions adoptées sur ces sujets lors du même sommet. Le climat et l’environnement ont depuis été considérablement dégradés et il existe à présent un consensus sur l’origine humaine du réchauffement climatique. La COP 21 de Paris avait débouché sur un engagement pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’époque pré-industrielle. Mais ces engagements ne sont pas respectés, pourtant le Rapport des Nations Unies de 2023 annonce que sans effort supplémentaire pour sortir des énergies carbonées, la Terre se réchaufferait de 2,5° à 2,9° en 2100. 
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