Une conception rétrograde de l’enseignement du français

Les notes de service du Ministre, l’une sur la lecture, l’autre sur l’enseignement de la langue et du lexique, de l’école maternelle à la fin du cycle 4, ont été publiées au BO. Ce qui frappe d’abord est la méconnaissance, voire le mépris de l’expertise pédagogique des enseignants, du 1er ou du 2nd degré. Pourquoi un ministre se mêle-t-il de pédagogie alors que des programmes qui ont force de loi existent ? Pour ce qui concerne la lecture, l’importance de l’apprentissage explicite de la compréhension, mis en avant par les programmes de 2016, est très rapidement abordée. La note sur la grammaire et le lexique revient à une vision passéiste de ces enseignements. Le Ministre établit des prescriptions d’horaires, promet des fiches pour l’apprentissage du lexique, enfonce le clou sur la nécessaire dictée quotidienne et proscrit l’apprentissage de la langue par le biais des séquences didactiques, faisant ainsi fi de la liberté pédagogique de chacun.

Et la formation ?

La question de la formation des PE et des PLC pour atteindre les objectifs en lecture et maîtrise de la langue n’est pas abordée. Pourtant, comment un professeur de Lettres peut-il remédier aux difficultés de lecture des élèves de 6ème s’il n’a pas connaissance des mécanismes d’acquisition de la lecture ? Comment se fait-il qu’un recyclage systématique et régulier sur les questions linguistiques ne soit pas proposé alors que la terminologie évolue, que la recherche en didactique progresse et que l’apprentissage de la langue est un enjeu majeur de notre société ?

Une conférence de consensus riche de propositions

Toutes ces préconisations sont loin des riches réflexions qui ont été développées lors de la conférence de consensus du CNESCO, au mois de mars, sur la thématique « Ecrire et rédiger ». Les conclusions ainsi que le dossier scientifique sont disponibles à l’adresse https://www.cnesco.fr/fr/ecrire-et-rediger/. L’importance des activités d’écriture dans l’acquisition des compétences linguistiques ou de lecture y a été souvent soulignée, comme la nécessité d’écrire et rédiger dans toutes les disciplines et pas seulement en cours de français. Ecrits intermédaires, progrès permis par le travail collaboratif entre élèves, nécessité de ne pas laisser hors du champ scolaire les productions écrites personnelles des élèves et d’autres thématiques ont été abordés. Ce travail, appuyé sur la recherche, nous semble bien plus porteur de perspectives d’évolution de l’enseignement du français que les préconisations hors-sol d’un Ministre auto-proclamé premier pédagogue de France qui cherche, comme l’écrivait Dominique Bucheton réagissant au projet de ces notes sur le site du Café pédagogique, « à plaire à un public nostalgique (…) attaché (…) à l’image rêvée de l’école de pépé »,
Référence pour les notes du Ministre : http://www.education.gouv.fr/cid129644/4-priorites-pour-renforcer-la-maitrise-des-fondamentaux-au-bo-special-du-26-avril-2018.html

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