Les évaluations nationales, qu’est-ce que c’est ?

            Mises en place sur les niveaux CP, CE1, CM1, Sixième, Quatrième, Seconde et première année de C.A.P., ces évaluations standardisées se veulent une photographie à l’échelle nationale des compétences des élèves en français et en mathématiques. Elles sont organisées par la DEPP (département statistique de l’Éducation Nationale).

Elles ont été initiées en CP, CE1 et Sixième, à la rentrée 2018. Le ministère leur donne 3 objectifs :

– disposer d’informations relatives au niveau de maîtrise des élèves en français et en mathématiques.

– aider au pilotage pédagogique des réseaux écoles-collège.

– enrichir les outils de pilotage académique.

            Il s’agit donc pour la hiérarchie, avant tout, d’un outil de pilotage et non d’une aide pour les équipes pédagogiques.

Un casse-tête organisationnel

            La période de passation sur ordinateurs est particulièrement brève et surtout commune pour les classes de Sixième et les Quatrième : du 11 au 29 septembre 2023. Or les collèges sont souvent sous-équipés en matériel informatique : ils ne disposent le plus souvent que d’une seule salle informatique, réquisitionnée de façon exclusive par ces évaluations, et de matériel vétuste.

La procédure de connexion, avec des mots de passe trop complexes pour les élèves, et les modalités de passation sont également loin d’être simples. Rien que pour le français en Sixième, le guide comporte 101 pages… sans parler du test de fluence.

Ces évaluations se passent entièrement sur ordinateur, ce qui provoque un biais initial. Il existe en effet une forte disparité entre les élèves quant à la maîtrise des outils numériques. On en vient à se demander si ces évaluations ne testent pas davantage les capacités à utiliser un ordinateur que le niveau en français et en mathématiques. En cette rentrée, avec la suppression de  la technologie, ces évaluations seront souvent l’occasion de la première connexion pour les élèves au réseau du collège.

            À l’heure où le ministère impulse des plans de remplacements de courte durée qui minent le statut des fonctionnaires, où les formations sont le plus souvent proposées en plus du temps de travail, ce sont plusieurs milliers d’heures de cours qui sont perdues au niveau national. Le SNES-FSU rappelle que le ministère pourrait faire le choix d’une enquête sur un panel représentatif, d’autant que la DEPP maitrise bien cette méthode.

Et la pédagogie ?

            Une évaluation prend son sens quand elle est construite dans le cadre d’une séquence pédagogique. Or ces évaluations sont hors sol.

            Dans les éditions passées, la profession a fait remonter au SNES-FSU la présence d’exercices dont l’énoncé est sibyllin et en inadéquation avec les programmes et le sens des enseignements. Pensons, par exemple, qu’il a fallu attendre le 15 septembre dernier pour que le ministère s’aperçoive que prétendre évaluer le niveau en français des élèves de Sixième sans leur demander d’écrire un seul mot était une aberration… Peut-être se rendra-t-on compte dans quelques années que le test de fluence est loin d’être pleinement fiable ?

            Un outil de management

            L’objectif est d’évaluer les élèves à tous les niveaux, comme dans les pays anglo-saxons qui évaluent ainsi les établissements et les personnels, conduisant ces derniers à limiter les apprentissages au « teach to the test » (c’est-à-dire à entraîner les élèves à ne répondre qu’aux questions types du test) et à d’autres dérives. Déjà en France, des élèves s’entraînent à réussir les évaluations de Sixième et un lien circule sur les réseaux sociaux pour trouver les questions et corrigés de ces évaluations. 

L’expertise des professionnel·les de terrain est négligée, voire niée. Il s’agit avant tout d’un outil de pilotage.

            Le SNES-FSU demande la fin de ces évaluations nationales au profit d’une évaluation entièrement à la main des professeur·es dans les établissements. Si le ministère tient à maintenir une évaluation nationale, qu’elle se fasse de manière précise sur échantillon.

            Pour ne rien se laisser imposer par les directions, il est important d’établir une réponse collective en salle des professeur·es et de ne pas hésiter à solliciter vos sections académiques.

            Dans tous les cas, sans votre accord, si une direction vous impose de faire passer ces tests, cela doit se faire dans le cadre de vos obligations réglementaires de service hebdomadaire.

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