L’association « Silence on lit » a trouvé le soutien du ministère pour développer un dispositif à moindre coût et qui permet un affichage valorisant : un temps quotidien est banalisé pour qu’élèves et personnels lisent. Il serait utile de se questionner sur le fond. Aucune étude étayée n’a été publiée sur ses effets. Comment permettrait-il de réduire les inégalités entre les bons lecteurs qui sauront profiter de ce temps et ceux pour qui la lecture relève d’une grande difficulté et qui se retrouvent confrontés à cet exercice sans y être accompagnés ? N’entre-t-on pas dans le domaine de l’illusion en prétendant que la lecture silencieuse agira d’elle-même ?

Où est passée la liberté pédagogique ?

Si une part des enseignants sont volontaires, beaucoup se voient imposer ce projet au mépris de leur liberté pédagogique. On pourrait certes se réjouir de cette promotion de la lecture mais on peut aussi y voir une instrumentalisation. Face à des conditions de travail dégradées, l’idée est parfois de ramener le calme dans des classes surchargées et bruyantes. On se préoccupe peu que les élèves aient réellement lu, encore moins qu’ils aient compris. Et peu importe ce qu’ils lisent. Au fil des réformes, les horaires de français, donc d’enseignement de la lecture, ont diminué.

En outre, la consigne prétend imposer aux enseignants de lire aussi sans les décharger de la surveillance des élèves. Le paroxysme a été atteint le 18 octobre à 13 h 51 quand toute l’académie de Rennes a dû lire sur ferme « invitation » du recteur(1).

Un levier de management

Le « quart d’heure lecture » n’est fondé sur aucun texte réglementaire mais s’avère un puissant outil de néomanagement qui contribue à la perte de sens du métier. Cette question clive certaines salles des professeurs et son organisation prime sur l’enseignement. Elle vient bouleverser le fonctionnement des collèges de façon différente : bénévolat imposé aux personnels (jusqu’à une heure hebdomadaire) ou empiétement sur la durée d’enseignement des disciplines. Sous prétexte de diminuer l’impact sur certains cours de faible volume horaire, des systèmes sont imaginés allant du « rituel tournant » sur divers créneaux horaires à la modification de la durée des séquences de cours.

On ne peut pas se contenter de tels pansements pour espérer améliorer le climat de travail dans les classes. Le SNES-FSU demande de vraies mesures, notamment de réduire drastiquement les effectifs par classe. Il appelle aussi les collègues à collectivement ne rien se laisser imposer et à refuser tout bénévolat.

(1) www.ac-rennes.fr/cid145533/quart-d-heure-lecture-livre-et-lecture-le-18-octobre-2019.html

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