Un décret paru au BO du 27/11/2014 a modifié assez profondément certaines procédures d’orientation des élèves dans l’enseignement primaire et secondaire. En particulier, ce texte veut souligner « le caractère exceptionnel du redoublement ».

Ce décret est entré en vigueur à la rentrée 2015 et les professeurs principaux communiquent aux familles, en cette fin de deuxième trimestre, des fiches de dialogue sur lesquelles le choix du redoublement ne figure plus.
En effet, le décret paru il y a plus d’un an a supprimé la référence au redoublement de nombreux articles du code de l’Éducation. Ces derniers précisent les possibilités de choix des familles, ou les propositions possibles du conseil de classe, ce qui traduit la volonté du Ministère de mettre fin à cette pratique.
Néanmoins, on peut relever deux exceptions, en ce qui concerne le 2nd degré.
– l’article 16 du décret précise que « pour les élèves des classes de troisième et de seconde, lorsque la décision d’orientation définitive n’obtient pas l’assentiment des représentants légaux de l’élève ou de l’élève majeur, ceux-ci peuvent demander le maintien dans le niveau de classe d’origine ». Il semble qu’en règle générale le conseil de classe ne puisse plus proposer de redoublement, mais que les parents puissent encore le demander, en fin de 3e et de 2nde ;
– l’article 27 du décret stipule néanmoins qu’ « à titre exceptionnel, un redoublement peut être mis en œuvre pour pallier une période importante de rupture des apprentissages scolaires. Il intervient avec l’accord écrit des représentants légaux de l’élève ou de l’élève lui-même, lorsque ce dernier est majeur, après que le conseil de classe s’est prononcé et à la suite d’une phase de dialogue avec le chef d’établissement ». Le redoublement est alors proposé (quel que soit le niveau) par le conseil de classe, sous une condition qui reste relativement large ; mais c’est la famille qui a le « dernier mot ».
Dans les deux cas, donc, le redoublement renvoie à la décision de la famille de l’élève.

Pour le Snes-FSU, le redoublement n’est ni une solution magique aux difficultés scolaires, ni une pratique coupable de tous les maux. Il ne faut ni le fétichiser, ni le rejeter par principe – et on peut s’inquiéter de certaines conséquences possibles de cette quasi-interdiction. Les contempteurs du redoublement expliquent que celui-ci ne sert à rien pour régler les problèmes d’apprentissage : si c’est le cas, alors le supprimer n’améliorera en rien les difficultés des élèves ! Et d’ailleurs, la quasi-disparition de fait du redoublement en collège, depuis plusieurs années, n’a pas correspondu à une amélioration des résultats des élèves. Elle est aussi la conséquence de contrats d’objectifs qui imposent aux collèges d’augmenter prioritairement leur taux de passage en seconde GT. Cette quasi-disparition aboutit donc à un « passage automatique » dont la certitude peut faire croire aux élèves, et notamment à ceux qui sont les plus éloignés des attentes scolaires, que l’échec dans les apprentissages n’est pas rédhibitoire pour « cheminer » dans le système scolaire, et que les exigences des enseignants ne sont pas vraiment fondées. Enfin, donner le « dernier mot » aux familles, c’est supposer qu’elles sont toutes à égalité face au système scolaire, à la fois dans la maîtrise des enjeux de l’orientation, et dans le rapport de forces avec l’institution, ses « conseils », ses « décisions ». Et ce n’est certainement pas le cas.
Le réel enjeu est bien évidemment celui de la réussite des apprentissages scolaires. Mais aucune des récentes réformes n’a permis de donner aux personnels les moyens de l’améliorer. Et ce n’est certainement pas la réforme du collège qui ira dans ce sens, puisqu’elle se contente, de ce point de vue, de recycler « l’accompagnement personnalisé » qui a fait les preuves de son inefficacité en lycée depuis 2010.
Mais si le redoublement n’est pas efficace pour remédier aux difficultés accumulées, alors que fait-on à la place ? Pour le Snes-FSU, on pourrait commencer par réinjecter les moyens « économisés » par la suppression du redoublement dans les établissements, afin que les enseignants aient davantage de possibilité de prendre en charge les élèves les plus en difficulté. Ce n’est pas ce choix qui semble avoir été fait, au vu des DHG des lycées pour la rentrée 2016.

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