Pression démographique, pénurie de moyens, la dégradation des conditions d’enseignement se poursuit. Dans ce contexte, le ministère annonce un bilan de la réforme du lycée pour cet automne…

L’augmentation du nombre d’élèves dans les lycées généraux et technologiques publics se poursuit (35 500 élèves supplémentaires prévus cette année, 26 500 l’année passée). Le ministère semble sous-estimer les effets conjoints de la pression démographique liée à l’augmentation du nombre des naissances dans les années 2000, de la baisse du taux de redoublement en Troisième et de l’augmentation des orientations en LGT. Les procédures d’orientation et d’affectation en juin ont rapidement révélé que, dans de nombreux départements, il manquait des places en lycée. Élèves de Troisième sans affectation au lycée, effectifs pléthoriques prévus en Seconde (35 élèves par classe, voire davantage), voilà les conséquences immédiates de la pénurie de moyens !

Méfaits de l’autonomie

Cette situation renforce encore des dysfonctionnements liés à l’organisation née de la réforme de 2010. Les enveloppes horaires globalisées à répartir localement pour assurer des enseignements en effectifs réduits servent de plus en plus à financer des options (LV3, langues anciennes, arts…), voire des enseignements obligatoires comme l’enseignement moral et civique. En effet, le ministère met en place l’EMC dans la voie technologique et demande aux établissements de puiser dans cette marge horaire pour l’assurer. Or, un enseignement non financé est partout menacé, du non-respect des horaires légaux à sa disparition pure et simple. Dans de nombreux lycées, il est d’ores et déjà prévu en cette rentrée de ne pas mettre en place l’EMC dans les classes de la voie technologique, alors que la loi l’impose.

La « marge d’autonomie » devient ainsi l’agent redoutable des inégalités, toujours plus criantes, entre les établissements. Tant vantée par le ministère pour promouvoir sa réforme du collège, elle révèle au lycée son vrai visage, celui d’un outil supplémentaire au service de la réduction des moyens d’enseignement et de l’offre de formation.

Claire Guéville

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