La mission « Maths », confiée par le ministre à C. Villani (député LREM et médaillé Fields) et C. Torossian (IGEN) a remis son rapport le 12 février.

Le groupe d’experts réuni autour d’eux a reçu, dans un marathon d’auditions et de rencontres, les organisations syndicales, dont le SNES-FSU. Il préconise 21 mesures que le rapport éclaire.

Il attache une importance particulière au primaire et à l’enseignement professionnel, aborde tout ce qui a trait à l’enseignement des mathématiques, du calcul aux manuels, du ressenti des élèves au rôle de l’enseignant, de la façon d’enseigner aux activités périscolaires.

Les contenus et pratiques
La mission propose de cultiver le sens des quatre opérations dès le CP, une réécriture des programmes du lycée autour des principales branches des mathématiques (avec un statut particulier pour l’informatique qu’elle considère comme relevant d’une discipline spécifique), la nécessité d’un cours structuré, avec une trace écrite nette, et une plus grande place pour la notion et la pratique de la preuve, tout en limitant les activités d’approche des notions au profit d’apprentissages « explicites ».
Elle propose des évaluations nationales trimestrielles des aptitudes au calcul, jusqu’à la fin du collège (avec peut-être du calcul algébrique), la généralisation de rituels (calcul mental en début d’heure par exemple) et l’introduction d’éléments d’épistémologie pour rendre la discipline plus vivante (encore faudrait-il qu’il y en ait en formation initiale !).

Le rapport préconise une plus grande implication des Instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques (IREM) dans la formation continue, ainsi que la création de « laboratoires de mathématiques », espaces collectifs de réflexion didactique, dans au moins cinq établissements par académie à la rentrée 2018.
La question des moyens pour y parvenir n’est toutefois pas évoquée. Le rapport rappelle la liberté pédagogique des enseignants, mais on peut craindre que les expérimentations qu’il encourage ne se transforment en pratiques imposées, notamment le développement de projets mathématiques péri-éducatifs, avec contrôle de l’implication des collègues.

Les ressources
Le contenu des manuels serait analysé par un comité scientifique, afin de les « positionner en fonction d’une liste de critères ». Un nouveau portail numérique (qui en serait le concepteur ?) proposerait des ressources pour les enseignants. Le rapport propose l’externalisation de la production de ressources à des entreprises de type start-up, option dans laquelle le ministère s’est déjà engagé.

Pour le SNES-FSU, ces propositions posent de redoutables questions éthiques, politiques et économiques.
Si la question de la qualité de certains manuels aujourd’hui se pose, imposer des manuels officiels aux enseignants ne serait pas acceptable. Le rapport fait beaucoup de propositions sans évoquer la question des moyens nécessaires pour les mettre en oeuvre, en particulier pour la formation continue et pour lutter contre la crise du recrutement.

Jean-François Clair, Pierre Priouret

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