Coincé entre les exigences du calendrier de Parcoursup et l’affichage d’une réforme du bac qui se voulait simplificatrice, le ministère a actuellement plusieurs scénarios en tête pour établir l’organisation des futures épreuves.

Un calendrier qui plombe les enseignements de Terminale et toute l’organisation des lycées

Un premier scénario où toutes les épreuves terminales -enseignements de spécialité (EdS), Philosophie, « grand oral »- seraient renvoyées au mois de juin, avec maintien de la 3ème session d’épreuves communes de contrôle continu (E3C) au deuxième trimestre. Mais ce scénario, qui n’a « pas la préférence » de la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco), empêcherait d’intégrer les résultats des EdS dans la procédure Parcoursup, alors qu’il s’agit justement d’un objectif de la réforme.

Un deuxième scénario, « qui a la préférence de la Dgesco », reposerait sur l’organisation suivante :
-les épreuves d’EdS auraient lieu « avant les vacances de printemps, aux alentours de fin mars ». Leurs résultats pourraient être intégrés dans Parcoursup ;
-la dernière session d’E3C serait reportée à « après les vacances de printemps, fin mai, début juin ».
Dans le cadre de ce scénario, en ce qui concerne les épreuves d’EdS :
-les épreuves auraient lieu au cours d’une session de 6 jours (2 disciplines différentes et une par demi-journée), fin mars ;
-dans les établissements centre d’examen, les cours seraient suspendus, mais les établissements ne seraient pas fermés, puisque par exemple les élèves de 2nde et de 1ère pourraient dans la même période bénéficier d’actions autour de « l’orientation » ;
-pour éviter une trop forte pression sur le « bouclage » des programmes, et en même temps permettre de maintenir l’attention des élèves après les épreuves, il est envisagé d’indiquer dans les programmes quels seraient les éléments exigibles à l’écrit ; les autres éléments de programmes pourraient être évalués dans le cadre du grand oral, en fin d’année ;

Une absence de cadrage érigé en principe d’organisation

En ce qui concerne les E3C, la Dgesco précise qu’il n’y aura pas de cadrage national ou académique définissant des périodes de passation pour tous les établissements. Il y aura « simplement » une date limite pour la remontée des notes pour harmonisation au niveau académique.
Les notes ne devront pas compter dans les moyennes trimestrielles et la dématérialisation des copies devra permettre un « brassage » des copies entre établissements. La Dgesco insiste surtout sur le fait que ces E3C n’ont pas particulièrement vocation à prendre la forme de « sessions », puisqu’elles peuvent, par leur format (épreuves de 2h), avoir lieu sur les plages de cours de 2h.

Une usine à gaz qui entérine la fin de l’examen national

On rappellera que le but officiel de cette réforme est de « simplifier le baccalauréat » et de lutter contre le « bachotage du mois de juin ».
En guise de simplification, le ministère cherche à faire tenir ensemble des enjeux parfaitement contradictoires, et invente une nouvelle règle à chaque fois que la précédente pose problème. On souhaite par avance bon courage à toutes les familles qui ne sont pas familières du fonctionnement du système scolaire pour essayer de comprendre les nouvelles règles du baccalauréat « simplifié ». Mais sans doute que ces familles ne sont pas au cœur des préoccupations de ce ministre.
Quant au « bachotage », l’organisation proposée consiste à consacrer l’intégralité du 3ème trimestre de terminale à passer des épreuves de bac : de fin mars à fin juin, les élèves enchaîneront deux épreuves de spécialité, 4 épreuves d’E3C (sur le programme de l’année complète), et enfin une épreuve de philosophie et un grand oral (dont on ne sait toujours pas où et quand ils le prépareront). Un tiers de l’année à passer les examens, voilà un beau progrès…
On pourra remarquer aussi que, telles que décrites par la Dgesco, les E3C ressemblent de plus en plus à la généralisation des épreuves en cours d’année (ECA) déjà en vigueur pour les langues vivantes ou bien à des sortes de contrôles continu en cours de formation (CCF). Quant à la dématérialisation des copies censée permettre le « brassage » entre plusieurs établissements, on aimerait bien comprendre comment cela serait possible quand chaque établissement organisera les épreuves à la date qu’il souhaite…

Improvisation ? Réaction bureaucratique classique, consistant à répondre aux problèmes posés par des règles absurdes en inventant de nouvelles règles encore plus absurdes ? Provocation ? Incompétence et méconnaissance complète du terrain ? Ou simplement une nouvelle expression du mépris de ce ministre pour les élèves et les personnels ? Et en fait, faut-il vraiment choisir entre ces hypothèses ?

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