Rue de Grenelle

Après 28 petits jours (mais qui nous ont paru très long !), le bail d’Amélie Oudéa-Castéra rue de Grenelle prend fin. L’Éducation nationale retrouve une ministre de plein exercice en la personne de Nicole Belloubet. 48 heures après sa nomination, la nouvelle ministre de l’Education nationale a commencé à recevoir les fédérations : la FSU première fédération dans l’Education nationale a été reçue dès lundi 12 février.

En guise d’entrée en matière, la FSU a rappelé le contexte incandescent de l’arrivée de la nouvelle ministre à son poste. Les mobilisations de janvier (grèves du 1er février, du 6 février, multiples actions locales…) ont montré que la très grande colère des personnels dépassait la seule personne et le symbole du mépris pour l’Ecole publique qu’était devenue Amélie Oudéa-Castéra. Nos collègues se sont retrouvés dans la grève et dans rue pour réaffirmer leur attachement, et même leur fierté à faire vivre à l’Ecole publique, mais aussi pour affirmer leur refus du choc des savoirs et l’exigence, toujours bien présente d’une revalorisation sans contreparties pour tous les personnels. Le départ d’Amélie Oudéa-Castéra ne peut pas solder tous les comptes de cette période. Au pied du mur, la nouvelle ministre va devoir prendre des décisions fortes, c’est bien sur les actes qu’elle sera jugée.

Choc des savoirs : réponse d’ici 15 jours

Des établissements aux instances ministérielles dans lesquelles siègent les syndicats, en passant par la rue, le choc des savoirs est quasi unanimement contesté. La ministre est au pied du mur : son premier acte sera-t-il de publier les textes organisant le choc des savoirs (groupes de niveaux en collège, classes prépa 2de en lycée) alors qu’ils ont été rejetés, parfois de manière unanime (aucune voix pour le texte sur les groupes de niveaux ! – voir compte-rendu). Le SNES-FSU a averti la ministre, cela serait une très grande provocation pour la profession, prête à réagir et à répondre. Comme lors de son discours d’arrivée au ministère lors de la passation de pouvoir, la ministre n’évoque pas les groupes de niveaux mais interroge sur la façon de gérer l’hétérogénéité, affirme que l’Ecole ne doit pas être le lieu du tri social etc. Relancée par le SNES-FSU, la ministre explique qu’elle reçoit toutes les organisations syndicales cette semaine et qu’elle reviendra vers nous d’ici 15 jours.

D’ici là, continuons de faire connaître notre opposition à ce projet d’Ecole passéiste et conservateur et exigeons l’abandon des mesures « choc des savoirs » : actions locales, interpellations des parents d’élèves , interventions en conseil d’administration, signez et faites signer la pétition intersyndicale !

Salaires, pacte, le dossier n’est pas clos !

Le Snes et la FSU ont réaffirmé que, contrairement à ce que prétend Gabriel Attal, le dossier salarial ne peut être clos : au regard du déclassement salarial de nos professions, il est indispensable d’aller plus loin que les mesures socles de 2023 (obtenues grâce au rapport de forces initié sur cette question) qui restent des mesures indemnitaires, loin des mesures indiciaires exigées par la FSU (voir le tract du SNES-FSU). La ministre convient que si les débuts de carrières ont été concernés directement par ces mesures, rien n’a été fait pour les milieux de carrière. La FSU a rappelé son exigence d’une revalorisation pour toutes et tous (tous les métiers, sans oublier les AESH), sans contreparties. Elle a aussi mis en garde contre les projets managériaux en cours (classe exceptionnelle, projet de réforme de la Fonction publique qui attaque frontalement le statut et vise à introduire une part de mérite dans la rémunération des fonctionnaires).

Le SNES-FSU a rappelé son opposition au Pacte : la profession n’est pas dupe de l’arnaque que constitue le Pacte qui n’est pas une revalorisation, et les questions de remplacements n’ont pas été résolues par le RCD pacté. La ministre a précisé qu’une réunion sur le bilan du Pacte devrait rapidement se tenir, le SNES-FSU y rappellera, en s’appuyant sur des bilans de terrain, son exigence d’abandon du Pacte et de transfert des sommes prévues sur des mesures sans contreparties.

Formation continue, formation initiale, SNU, lutte contre le harcèlement en milieu scolaire, la FSU a souligné que, sur ces dossiers, comme sur bien d’autres, il n’était pas possible de gouverner sans ou contre les personnels et qu’il était indispensable d’écouter la parole des syndicats. Les réformes au pas de charge, au mépris des considérations de terrain, seulement pensées pour un affichage politique ne font que mettre davantage sous tension le système éducatif. Enfin, à l’heure où la prédécesseure de Nicole Belloubet a, d’une certaine manière, beaucoup œuvré pour remettre sur le devant la scène la question du dualisme sociale et scolaire, il est indispensable de réouvrir le chantier mixité sociale.

Mayotte ne peut plus attendre !

Après la crise de l’eau à l’automne, c’est une nouvelle flambée de violence qui touche l’île. La situation est chaotique. Aujourd’hui, l’île est quasiment à l’arrêt, dans une situation de quasi confinement. A l’insécurité physique s’ajoutent les risques sanitaires : accès impossibles aux hôpitaux, ruptures d’approvisionnement en médicaments, amoncellement des ordures. Les magasins se vident et la pénurie guette.
Une nouvelle fois, l’’Etat failli à sa mission de protéger la population.

Dans l’Education, les établissements scolaires subissent des tentatives d’intrusion par des groupes armés de machettes et des barres de fer qui viennent pour en découdre avec les élèves ou les personnels. Des collègues de plusieurs collèges ou lycée (Koungou, Mgombani, Kwalé) ont exercé leur droit de retrait. La FSU apporte tout son soutien aux personnels des écoles et établissements scolaire.

Le SNES-FSU a porté à la connaissance de la ministre des témoignages de collègues, d’équipes d’établissements qui sont autant d’appels à l’aide mais aussi le signe d’une très grande colère et d’un vif sentiment d’abandon de l’Etat. Si toute la crise mahoraise ne sera pas résolue par le ministère de l’Education, des mesures d’urgence doivent être prises pour protéger nos collègues, en articulation avec des mesures plus structurelles. L’investissement dans les services publics, centré sur les besoins de la population, y compris pour la sécurité, est le seul moyen de sortir l’île d’une crise devenue permanente. Des mesures urgentes doivent être prises, Mayotte ne peut plus attendre !

Se mobiliser dans la durée pour l’École publique

Après cette première prise de contact, il faudra des réponses rapides ! Le mois de janvier dans l’action a montré la capacité de la profession à se mobiliser rapidement. Mais pour le SNES-FSU, dans ce moment de bascule pour l’École publique, il est indispensable d’articuler les différentes temporalités d’action : le rebond du 6 février en prépare un plus large. Ainsi, une intersyndicale FSU, Unsa Education, Sgen CFDT, Cgt Educ’action et Sud Education a posé les bases d’une action durable au printemps : pour gagner sur nos salaires, nos conditions de travail et plus largement l’École publique, une journée de grève ne suffira pas !

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