Un préambule qui a le mérite de clarifier différents points concernant les pratiques d’évaluation

Durant leur scolarité, les évaluations « assurent trois fonctions différentes : une fonction didactique et pédagogique en permettant de réguler les apprentissages et de dynamiser les activités au sein des classes, une fonction de certification (…), et une fonction d’aide aux choix en matière d’orientation ».
L’évaluation est présentée comme une « collecte d’information », pouvant s’exprimer au moyen de « descripteurs variés ». Ses objectifs et ses critères doivent être explicités. Elle s’appuie « sur l’expertise (…) des enseignants et des différents professionnels présents (…) dans les établissements », et constitue « un instrument de dialogue avec les familles ». Pour le SNES-FSU, qui défend un métier de conception, ce rappel à la professionnalité enseignante est bienvenu, pour autant qu’il ne soit pas traduit sur le terrain par l‘imposition de « bonnes pratiques » pensées par des « experts » éloignés des réalités et qui servirait à un encadrement des équipes par la hiérarchie administrative, à l’encontre de ce que doit être le travail collectif.
L’évaluation est abordée comme une boîte à outils permettant de suivre et d’améliorer les apprentissages, de travailler les erreurs, considérées comme des informations utiles pour progresser.
Il n’est par ailleurs pas question de suppression de la note chiffrée, mais de réfléchir à sa fabrication et à son usage : « si le recours à une note chiffrée peut être en certains cas pertinents », la note ne doit pas être perçue comme « un instrument de tri ». Le CSP recommande enfin dans l’institution scolaire « un travail collectif au sein des équipes éducatives au service d’une conception renouvelée de la notation doit être conduit ».

Notons enfin deux références au curriculum : « programmes curriculaires de cycle » et « logique curriculaire de socle », alors que ce concept a jusqu’ici seulement été évoqué dans le texte de la charte des programmes pour insister sur la nécessité de la cohérence globale des programmes, articulant contenus, évaluation et formation des enseignants.

Des propositions inquiétantes pour l’évaluation et la validation de l’acquisition du socle

« L’acquisition progressive des connaissances et des compétences (…) doit se poursuivre au-delà de la scolarité obligatoire », est un point positif, tout comme l’annonce de la fin de la double prescription socle brevet. Cependant, la formulation « la validation du socle commun vaut attribution du DNB » laisse perplexe. Elle peut en effet ouvrir la porte à la suppression du DNB, en tant qu’examen terminal, et pour le SNES-FSU, c’est la délivrance du DNB qui doit pouvoir attester de la validation du socle.
Les intentions données pour la mise en pratique de l’évaluation du socle, et en particulier dans l’annexe, sont inacceptables en l’état.

En matière d’orientation, « le socle permet à l’élève de choisir sa voie de formation (…). Si la validation n’est pas réalisée en fin de Troisième, l’institution scolaire doit trouver les solutions de poursuite de formation afin d’assurer cette validation. Cette dernière, lorsqu’elle est réalisée, doit être prise en compte si un changement de voie de formation est souhaité par l’élève ». Le maintien en classe de troisième relevant désormais du seul choix des parents, que faut-il déduire de ces affirmations ? Quel lien entre la validation du socle et la poursuite de la scolarité au lycée ? Ce point devra être clarifié. Le SNES-FSU rappelle que l’obligation de scolarité jusqu’à 16 ans correspond concrètement pour les élèves à la fin de la classe de Seconde. La scolarité au lycée général et technologique n’est actuellement pas conçue dans la perspective d’un rattrapage du socle, et le bilan de la réforme des lycées montrera probablement que les réorientations d’une voie à une autre concernent une minorité d’élèves, passant de Seconde GT vers une Seconde ou une Première professionnelle.
D’autre part, reprenant à son compte les vieilles lunes du socle de 2005, le texte rebaptise les 5 domaines du socle « compétences », divisé en « huit blocs de compétences générales » (quatre blocs pour le premier domaine) non compensables, chaque bloc étant « déclinable en compétences plus spécifiques (…) définies dans les programmes avec les principales connaissances qui leur sont associées ». Cela semble en outre contredire l’affirmation que « ces principes de validation conduisent à la suppression du livret personnel de compétences ». Si la validation du socle ne se présentera plus comme telle, on voit mal comment présenter autrement les éléments des « évaluations bilans (…) opérées régulièrement », notamment en fin de 6ème.
Ce sera au dernier conseil de classe de Troisième de valider ou non, localement, « la maîtrise des huit blocs », en s’appuyant sur :

« – deux projets personnels conduits l’un en classe de quatrième, l’autre en classe de troisième, impliquant une production (sur tout support), inscrits dans des champs disciplinaires différents et présentés oralement devant un jury ;

– une épreuve terminale d’examen anonymée, définie nationalement, à sujet national ou académique. Cette épreuve permet d’évaluer plusieurs compétences du socle, qui peuvent elles‐mêmes renvoyer à plusieurs disciplines. Elle apporte une garantie d’objectivité aux yeux des élèves et des familles ;

– des situations d’évaluation certificative mises en oeuvre au cours du cycle 4, conçues collectivement par les enseignants de chaque établissement à partir d’une banque nationale ou académique d’exemples. ».

En l’état actuel de la proposition, les trois composantes sur lesquelles repose la validation du socle imposeront donc aux équipes la mise en place locale de la soutenance de projets pour tous les élèves de Quatrième et de Troisième, ainsi que des Contrôles en cours de formation conçus collectivement tout au long du cycle 4 (Cinquième – Quatrième – Troisième), mais aussi en Sixième – fin de cycle 3 – le texte prévoyant un « bilan des acquis » « en fin de cycle ». Il s’agit au final d’une masse de travail supplémentaire considérable et chronophage, en contradiction avec le premier principe du CSP concernant l’évaluation : « éviter qu’elle (l’évaluation) ne connaisse une expansion abusive aux dépens des enseignements eux-mêmes », risquant de mettre les quatre années du collège sous la pression de l’évaluation.
Pour le SNES-FSU, le DNB doit continuer à comporter des épreuves nationales terminales, certifiant l’acquisition de savoirs disciplinaires et la capacité à les utiliser dans une situation nouvelle. Or les 3 épreuves proposées forment un ensemble qui ne respecte pas ce principe.

Une annexe « provisoire » présentant la maîtrise du socle sous forme de seules compétences très générales
Un tableau présente les niveaux de maîtrise attendus pour les huit blocs de compétences générales. Le détail des contenus est inégal, et l’on n’y retrouve pas la dimension culturelle du socle, les champs disciplinaires et leurs savoirs étant presque absents au profit de compétences telles que « mobiliser des connaissances », « utiliser et produire des représentations adaptées à la situation », « adopter un comportement responsable vis-à-vis de l’environnement et de la santé ». Les savoirs sont donc uniquement considérés comme des ressources permettant l’acquisition de compétences.

Un projet inacceptable qui doit être profondément revu

Ce texte pose de nombreuses questions quant à ce qui serait véritablement évalué et augure mal d’une possible mise en place dans les collèges. Il aurait mérité d’être débattu par les collègues dans les établissements lors de la consultation sur le socle.
Si les « idées directrices » du Conseil supérieur des programmes concernant l’évaluation des acquis des élèves sont intéressantes, le projet de validation du socle tel qu’il est présenté ne tient pas les équilibres du projet de socle en termes d’articulation entre les savoirs et les compétences, en particulier dans son annexe, qui est inacceptable.
Il faut revoir ce texte dont les intentions sont en contradiction avec les équilibres travaillés dans le projet de socle commun.

Le texte du CSP est ici.

Les contributions du SNES et de la FSU à la conférence nationale sur l’évaluation des élèves sont ici

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