Aucun bilan de fond n’est dressé pour le dispositif Devoirs faits, auquel sont alloués des moyens importants qui, utilisés autrement, permettraient de dédoubler des classes et d’améliorer la prise en charge de la difficulté scolaire au sein de la classe. Le ministère se félicite pourtant de la solide implantation du dispositif Devoirs faits (1 élève sur 3 , 1 sur 2 en éducation prioritaire). Le second vade-mecum utilise quelques citations d’élèves qui n’ont aucune valeur scientifique pour sa promotion. On sait pourtant que la question des devoirs à la maison est complexe du point de vue sociologique car les devoirs à la maison accroissent les inégalités scolaires.

La production de ce nouvel opus démontre la volonté de diriger les pratiques pédagogiques des professeurs et de faire travailler davantage ceux qui se sont engagés dans ce dispositif (création d’enquête de satisfaction, séances ouvertes aux parents, bulletins à remplir, fiche de synthèse à compléter à chaque séance, onglet spécifique dans l’ENT, etc.). Pour ce faire, le ministère conseille d’inclure Devoirs faits au projet d’établissement, qui s’impose réglementairement aux professeurs et de créer «  un comité local de pilotage » qui permettra d’inclure Devoirs faits à tous les « niveaux » : conseil pédagogique, conseil d’enseignement, liaison école-collège….). Pour y parvenir, la campagne d’évaluation des établissements va permettre aux évaluateurs externes de proposer Devoirs faits comme levier de la « conduite de changement ». Cette terminologie appartient typiquement au vocabulaire du néo-management. Le titre de la première partie ne trompe pas : « Devoirs faits au cœur de l’établissement pour le transformer ». Le néo-management s’accompagne toujours d’un volet évaluation : de nombreux indicateurs sont donc proposés ainsi que deux enquêtes nationales mais aussi des questionnaires de satisfaction pour les élèves et les familles. L’objectif est bien d’uniformiser les pratiques par la contrainte, sous le prétexte de les harmoniser : cadrer « les devoirs », définir ce que l’on peut attendre et comment ils doivent être présentés aux élèves, remise en cause des devoirs maisons… 

La tendance est aussi de développer Devoirs faits en distanciel(classe virtuelle, permanence téléphonique, intelligence artificielle (voir https://jules.cned.fr/), Bureau d’Aide Rapide par courriel/ tchat/ téléphone ) : les e-devoirs faits.

Le ministère souhaite créer des hiérarchies intermédiaires et attribue ce rôle à le/la coordonateur.rice DF.

Le vade-mecum conseille des formations sur le temps personnel (Magistères) et des partenariats avec « l’écosystème » (famille, association, services civiques…) par exemple en demandant aux familles de participer à Devoirs faits.

Le SNES-FSU constate déjà que Devoirs faits est une porte ouverte à l’entrisme de nombreuses associations. Cette gestion est une façon d’externaliser la question de la difficulté scolaire alors qu’avec des moyens conséquents, elle pourrait être traitée au sein de la classe par ses professeurs.

A lire aussi :

une analyse sur le premier vade-mecum Devoirs faits publié : https://www.snes.edu/article/vademecum-devoirs-faits/

l’intervention de Julien Netter, sociologue, à la FSU sur la question des devoirs à la maison.

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