L’autonomie, présentée comme la solution à tous les maux, serait également le cadre d’expression privilégié de la liberté pédagogique. L’expérience de ces cinq dernières années montre, hélas, que la réalité est ailleurs.

Depuis la réforme Chatel, 10 % de la dotation horaire est répartie localement en fonction du projet d’établissement. Les horaires globalisés de langues vivantes s’inscrivent aussi dans cette logique d’autonomie. Dans les faits, l’autonomie est surtout comprise localement comme la liberté de s’affranchir des règles nationales pour s’adapter aux dotations toujours plus contraintes et un moyen commode d’ajuster les services enseignants à la ressource humaine.

Panacée ou potion amère ?

C’est un outil supplémentaire au service de la réduction des moyens d’enseignement et de l’offre de formation. Concrètement, les horaires légaux sont très souvent « oubliés ». L’accompagnement personnalisé peut ainsi disparaître des emplois du temps des enseignants comme de celui des élèves, alors que le décret de 2010 le définit comme un enseignement obligatoire pour tous, de 72 heures annuelles. La confusion est telle qu’il est parfois assimilé aux heures de permanence, rémunéré en HSE voire pas du tout… S’il existe, c’est souvent en classe entière car l’enveloppe horaire prévue pour les effectifs réduits peut servir à tout autre chose ! À financer l’enseignement moral et civique ou les options facultatives (LV3, langues anciennes, arts) par exemple… C’est aussi sous le prétexte de marges horaires insuffisantes que ces enseignements sont mutualisés, réduits ou purement et simplement supprimés. Cette organisation locale se prête ainsi aisément à toutes les expérimentations comme la fusion d’enseignements d’exploration, et à l’annualisation des services. D’un établissement à l’autre, les règles diffèrent, les grilles horaires des enseignements changent. Ici, une heure et demi de LV2, ailleurs plus de 2 heures… Autant de situations que d’établissements ou presque ! Comment s’étonner alors que les inégalités scolaires continuent de se creuser ?

Claire Guéville

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