Le 6 avril, de manière aussi inattendue qu’opportune, Jean-Michel Blanquer annonce le recours au contrôle continu et « oublie » de préciser que cette décision, valable uniquement pour la session 2020, est due aux circonstances exceptionnelles que nous vivons et ne peut en aucun cas devenir la règle. Puis, le 21, il présente un plan de déconfinement progressif à partir du 11 mai. La seule certitude, c’est que tout est flou pour les élèves et les personnels.

D’abord, le ministre affirme que seules seront prises en compte les notes des premier et deuxième trimestres. Quid alors du rogaton de troisième trimestre annoncé ? Sera-t-il consacré au rattrapage pour les élèves « décrocheurs » ? Permettra-t-il de nouvelles évaluations ? Et quelle valeur ces dernières pourraient-elles avoir ? Faut-il par ailleurs maintenir l’oral de l’EAF qui contraint les élèves à travailler seuls chez eux et qui pose, outre la question de fond des inégalités, celle brûlante de la sécurité sanitaire ?

Une évaluation fiable repose sur la clarté des objectifs définis et des finalités. Elle est rassurante pour les élèves en ce sens qu’elle est stable, fiable, fixée dans ses principes. Or, ici ne règnent qu’incertitudes et petits arrangements en fonction de la valse-hésitation des annonces.

Passage compliqué

Les situations sont diverses selon les disciplines. En langues vivantes, certains élèves ont déjà passé l’épreuve de compréhension orale. Que devient leur note ? En SVT, de nombreux collègues ne notent pas les travaux pratiques réalisés en cours d’année qui préparent à l’épreuve des ECE. Impos- sible, donc, de prendre des notes de contrôle continu de TP pour remplacer la note de l’examen.

Dans la voie technologique, concernant l’épreuve de projet, la situation n’est pas la même pour toutes les séries. Les activités de projets sont parfois évaluées en cours d’année et/ou en épreuves terminales et les coefficients sont variables d’une série à l’autre. Il faut donc des dispositifs propres à chacune des séries.

En langues anciennes, l’oral facultatif voyait les points au-dessus de la moyenne obtenus à l’épreuve multipliés par trois et la réforme prévoit qu’à l’avenir, ce soient les points de la moyenne du contrôle continu qui subissent cette opération avant d’être adjoints au total. Bascule-t-on dès cette année vers ce système ?

Au-delà des spécificités disciplinaires, quid des élèves qui se présentent à l’examen en candidats libres ? Considérer que le contrôle continu simplifie les choses, c’est décidément méconnaître la réalité du terrain.

Réexaminer la situation

Pour le SNES-FSU, les jurys de baccalauréat devront permettre d’analyser les notes au regard des dossiers des élèves, afin qu’ils ne soient pas pénalisés, alors même que le « tout contrôle continu » renforce « l’effet lycée ».

L’intérêt des épreuves nationales et terminales réside dans la reconnaissance du diplôme, détaché de l’image plus ou moins prestigieuse de l’établissement dans lequel il a été préparé. L’utilisation des notes de l’année pour l’obtention du baccalauréat ne peut donc être qu’exceptionnelle. Il serait bien hasardeux dans ce contexte de considérer que le contrôle continu règle tout. C’est pourtant la petite musique que l’on entend en ce moment et qui tente d’étouffer la cacophonie qu’engendre ce dernier.

Avant le confinement, un calendrier de réunions du comité de suivi de la réforme du lycée était acté pour arriver à des propositions d’évolution pour l’année 2020-2021, notamment des aménagements de programmes. Le SNES-FSU continue pour sa part d’exiger une remise à plat de la réforme du lycée et du bac.

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