Sourd aux mises en garde du SNES-FSU, le ministère s’est obstiné à mettre
en place l’EMC dès la rentrée 2015. Chronique d’un fiasco annoncé…

La mise en place précipitée de l’enseignement moral et civique s’accompagne d’une véritable offensive médiatique du ministère, qui cherche à montrer combien il est nouveau et différent de ce qui se pratiquait jusqu’alors, et indispensable à la transmission des « valeurs de la République ». Or, l’EMC reprend l’organisation de l’ECJS (éducation civique juridique et sociale) existant depuis 1999 de la Seconde à la Terminale (séries générales) : les cours ont lieu obligatoirement en effectifs réduits (c’est le seul dédoublement « fléché » dans la grille horaire du lycée) et ne sont pas rattachés à une discipline en particulier.

Confusion à tous les étages

Le débat et la réalisation de travaux de groupes sont, comme avant, encouragés. De fait, dans la majorité des cas, les mêmes qui prenaient en charge l’ECJS ont été chargés de l’horaire spécifique d’EMC : très majoritairement des ­professeurs d’histoire-géographie et de philosophie. On a aussi pu observer dans de nombreux établissements des dérives maintes fois dénoncées par le SNES-FSU : enseignants sommés de « prendre » les heures pour compléter leur service, parfois sans aucune expérience (stagiaires), sans formation, et sans avoir les classes dans leur propre discipline. Certains deviennent ainsi pendant une partie de leur service des « professeurs d’EMC ». Plus grave, dans de nombreuses classes des séries technologiques, l’EMC n’est pas du tout mis en place, comme le SNES-FSU en avait exprimé la crainte, les DHG n’ayant pas été abondées après la parution du BO le 25 juin. Les situations sont même variables d’un établissement à l’autre, voire d’une classe technologique à l’autre au sein d’un même lycée.

L’EMC dans les lycées révèle bien les dérives de la gestion locale des moyens (horaires globalisés). Elle montre aussi ce que produit dans l’Éducation nationale la précipitation dictée par des objectifs bien plus politiques que pédagogiques : de la confusion avant tout.

Amélie Hart Hutasse

Vos questions
Le Snes défend les droits individuels et collectifs. Vos représentants vous répondent, vous conseillent et vous accompagnent.
Accès à la FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse, posez-nous votre question