« Une ambition pédagogique affirmée pour la réussite de tous les élèves » , tel est le slogan du ministère. Mais suffit-il d’affirmer pour transformer le quotidien des classes ?

De récents décrets, dont celui « relatif au suivi et à l’accompagnement pédagogique des élèves », plantent un cadre de travail contraignant pour les personnels.

Or, ce que les uns et les autres entendent par inclusion, diversification ou différenciation – autant de termes introduits par ces textes – n’a jamais été explicité. La pédagogie ne se décrète pas, elle nécessite une formation, aussi bien initiale que continue, ainsi que des moyens. À cet égard, la suppression du redoublement ressemble davantage à une volonté d’affichage qu’à celle de mettre tous les élèves en situation de réussite

De fait, selon le décret n° 2014-1377 du 18 novembre 2014, dès la rentrée prochaine, redoubler ne sera plus possible que « pour pallier une période importante de rupture des apprentissages scolaires ». On entrevoit aisément la latitude laissée aux chefs d’établissement dans l’interprétation de cette formulation plus qu’imprécise… Le redoublement restera par ailleurs de droit « pour les élèves des classes de troisième et de seconde » dans les cas où « la décision d’orientation définitive n’obtient pas l’assentiment des représentants légaux de l’élève ».

PLUS POUR DES RAISONS BUDGÉTAIRES QUE PÉDAGOGIQUES

Dans un communiqué de presse où il explique son vote au Conseil supérieur de l’éducation, le SNES-FSU rappelle que si la France fut la championne en la matière, ce n’est plus le cas : « en 2012, 28 % des élèves âgés de 15 ans avaient redoublé, ce chiffre étant en diminution constante : il a baissé de dix points de 2009 à 2012. La tendance à la diminution du redoublement est donc déjà effective, mais sous la pression administrative, et pour des raisons budgétaires plus que pédagogiques. »

L’efficacité du redoublement a beau être questionnée par de nombreuses études, les réserves émises légitimement à son encontre ne sauraient justifier l’automaticité du passage dans la classe supérieure. Les pis-aller mis en place pour éviter le décrochage des élèves (programmes personnalisés de réussite en collège, stage de remise à niveau en lycée) ne peuvent suffire à un service public d’enseignement ambitieux à qui l’on assigne pour mission de faire réussir tous les élèves. Le SNES-FSU demande que « les moyens économisés par l’Éducation nationale suite à la forte diminution du redoublement ces dernières années et à sa suppression à venir soient maintenus dans les établissements pour la mise en place de solutions alternatives, qui restent encore à venir ».

Pour toutes ces raisons, le SNES, avec la FSU, a voté contre le décret du 18 novembre au CSE.

Valérie Sipahimalani

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