Au-delà des éléments de langage, il y a la réalité d’un système qui pénalise les élèves en entretenant un stress permanent, fragilise les formations supérieures qui ne pourront consolider leur liste d’inscrits avant la rentrée et accroît considérablement le travail des personnels.

En finir avec le tirage au sort, mettre de l’humain dans la machine, les ministres et les promoteurs de Parcoursup reprennent à l’envi les mêmes arguments d’autorité. « D’un point de vue mathématique, on est loin d’un scénario catastrophe » affirme ainsi Claire Mathieu, professeur au collège de France, spécialiste des algorithmes, relayée par Hugo Gimbert, chercheur en informatique à l’université de Bordeaux, tous les deux concepteurs du système.

Attendre, toujours attendre

De fait, tout se déroule à peu près comme prévu. D’ailleurs en novembre dernier, le SNES-FSU décrivait les effets à venir de la nouvelle procédure : « l’absence de hiérarchisation des vœux et un processus d’affectation en continu risque de provoquer un effet de congestion et un allongement des délais d’attente […] Les formations de l’enseignement supérieur choisissent les candidats qui leur semblent les plus aptes à réussir et dans ce système, les universités les plus prestigieuses siphonneront les meilleurs dossiers. À ce jeu, les élèves les plus fragilisés socialement, en particulier parmi les bacheliers professionnels et technologiques, risquent la relégation, voire d’être partout refusés ». Au soir du 22 mai, plus de la moitié des can­didats n’avait aucune pro­position d’affectation. Aujour­d’hui, c’est le tiers. Au 7 juin, seuls 36 % des candidats avaient accepté définitivement une proposition. La majorité des lycéens des quartiers les plus défavorisés sont donc condamnés à contempler les autres se servir et à attendre, d’autant plus longtemps que, en l’absence d’ordonnancement des vœux par les candidats, rien n’oblige un élève ayant obtenu la formation qu’il privilégie à démissionner sur ses autres vœux en attente. Le projet politique du tri social porté par la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur prend corps.

Sollicités pendant l’été ?

Depuis lors, chacun scrute les listes d’attente, le rang de classement, évalue le temps qu’il reste avant l’échéance du bac, comme noyé sous l’avalanche des chiffres communiqués chaque matin par le ministère. À cela s’ajoute l’accumulation de dysfonctionnements, comme une application smartphone inopérante ou la disparition inexplicable de dossiers de candidature entiers.

Professeurs principaux et Psy-ÉN sont maintenant appelés tout au long de l’été à participer à la commission académique de l’accès à l’enseignement supérieur (CAAES) pour statuer de l’avenir des candidats sans proposition, à charge pour le recteur de proposer ensuite une inscription, peu importe au final si ce n’est pas dans les vœux initiaux. Mais pour que des places vacantes apparaissent, encore faut-il attendre que les listes d’attente se réduisent…

Claire Guéville

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