Le ministère vient de communiquer un projet de circulaire pour la rentrée 2014. Associé à d’autres projets tels que la mise en place des conseils de cycles
et au manque criant de moyens, il révèle une conception de l’organisation du système éducatif qui nous ramènerait deux ans en arrière en faisant fi des débats
de la refondation.

Dans le cadre de la préparation de la rentrée
2014, le ministère a présenté aux organisations
syndicales plusieurs projets de texte : circulaire
de rentrée, modifications des décrets
relatifs au conseil pédagogique, mise en place du
conseil école-collège et de conseils de cycle…
Tous sont marqués par une remise en cause
des équilibres de la loi de refondation sur la
place du second degré, sa conception et son
organisation.

On y retrouve les « vieilles lunes » : autonomie,
accompagnement personnalisé qui permet
d’éviter la question fondamentale d’une
école pensée pour ceux qui en sont les plus
éloignés, changement profond dans l’évaluation
pour mieux casser le thermomètre, orientation
réduite à un adéquationnisme au marché
local de l’emploi que les classes les plus favorisées
savent éviter dans le silence assourdissant
des pseudos-démocrates qui soutiennent le
socle 2005…

Les débats sur la loi de refondation ont fait
émerger la nécessité de redonner aux personnels
les moyens d’exercer leurs missions dans le
respect de leur qualification et celle de redonner
du sens aux apprentissages. L’administration
centrale, DGESCO et inspection générale, font semblant de ne rien entendre, arc-boutée sur un
dénigrement du travail fait dans les établissements
et sur des solutions miracles.

À l’opposé d’une « refondation », l’administration
se replie une fois de plus sur ses conceptions
technocratiques et idéologiques qui perdurent
depuis plus d’une décennie.

CIRCULAIRE DE RENTRÉE : À REFAIRE

La circulaire de rentrée est un texte important
qui cadre les conditions matérielles de mise
en oeuvre des politiques éducatives dont elle
rappelle les grands axes. Le projet présenté
par la DGESCO est, à cet égard, inacceptable
pour le SNES-FSU. En effet, non seulement il ne
contient aucun cadrage national sur des éléments
essentiels (moyens, utilisation des heures
en lycée, abandon du LPC, gouvernance des
établissements…), mais il développe une vision
de l’organisation du système éducatif fondée
sur un bloc école-collège et des « compétences
de base » ou « fondamentales », suivant les
paragraphes, et les problématiques sont
constamment globalisées entre premier et
second degré. Le tout s’en émettre la moindre
critique sur les réformes Chatel dont on sait
pourtant combien elles mettent nombre
d’élèves en difficultés.

Le projet renvoie à des fiches élaborées, sans concertation, par les services de la DGESCO :
évaluation, orientation, conseils école-collège,
innovation pédagogique, service numérique…
dont certaines stigmatisent les enseignants du
second degré ou résument, en totale contradiction
avec les conclusions du groupe de travail
sur l’orientation scolaire, les problématiques de
l’orientation à la connaissance de l’entreprise
et à la découverte des métiers.

La philosophie générale de ce projet peut se
résumer à la nécessité d’un meilleur cadrage
des pratiques enseignantes assuré par la multiplication
des structures administratives et autres
« conseils », et à la magie de l’utilisation des
outils numériques. Rien, évidemment, n’est dit
sur les conditions de travail et à aucun moment
l’administration ne se pose de questions sur ses
dérives technocratiques et démagogiques. La
« rupture » entre le CM2 et la Sixième reste pointée
comme la mère de tous les vices.

De fait, soutenue par les tenants du socle Fillon
de 2005 et de l’explosion du second degré et de
sa structuration disciplinaire, la DGESCO anticipe
les travaux du CSP et revient à ses démons de
« l’école du socle » et de l’autonomie, bref, à la
doxa de l’OCDE et des compétences-clés européennes.

Le SNES-FSU a demandé une profonde réécriture
de cette circulaire et des fiches qui l’accompagnent.

LA MULTIPLICATION DES
« CONSEILS » : LA FOLIE DES
STRUCTURES ADMINISTRATIVES

Le ministère travaille à l’installation du conseil
école-collège et des conseils de cycle en articulation
avec le conseil pédagogique. Le résultat, quoiqu’en disent les responsables de la
DGESCO, est la mise en place d’une usine à gaz
dans laquelle les enseignants, mais aussi les
personnels d’encadrement, passeront d’innombrables
heures de réunions parfaitement
inutiles et qui, au bout du compte, donneront
tout pouvoir aux chefs d’établissement pour
imposer des pratiques fondées sur une vision du
système éducatif souvent bien éloignée de celle
des enseignants et de leur professionnalité.
L’application des délires administratifs conduirait
à la mise en place, en plus du conseil écolecollège,
à des conseils de cycle 3 (CM1-CM2-
Sixième) en nombre égal au nombre d’écoles du
secteur du recrutement, chargés d’élaborer la
partie pédagogique du projet d’école propre
au cycle 3… en tenant compte du programme
élaboré par le conseil école-collège, lequel programme
devra avoir l’accord du CA du collège
et du conseil d’école de chaque école concernée.
Chacun de ces conseils pourrait mettre en place
des « commissions » et devrait agir en coordination
avec le conseil pédagogique, le conseil
d’administration, la commission permanente, les
conseils d’enseignement et autres structures
particulières mises en place depuis des années
dans les ZEP, RAR ou REP… sans oublier l’obligation
de mettre en place les parcours d’éducation
artistique et culturelle, les parcours de
découverte des métiers, les multiples « éducations
à » et, cerise sur le gâteau, les contrats
tripartites imposés dans le cadre d’une « éducation
globale » et de la «mise en synergie des
compétences nationales et locales ».

Le SNES-FSU n’accepte pas cette folie technocratique
qui ne fera qu’amplifier les difficultés
du système éducatif.

Roland Hubert

CIRCULAIRE DE RENTREE

Faire évoluer les pratiques d’évaluation des élèves
Pour améliorer l’efficacité des apprentissages et la confiance des élèves en eux, il importe de
faire évoluer les pratiques en matière d’évaluation des élèves.
L’évaluation, trop souvent vécue par
l’élève et sa famille comme un moyen de classement, de sanction, ou bien réduite à la seule notation,
doit faire l’objet d’une réflexion accrue des équipes pédagogiques… Il ne s’agit, en aucun cas, d’abaisser
le niveau d’exigence requis par les prescriptions des programmes d’enseignement, mais de faire de
l’évaluation une démarche, et non seulement une mesure, afin que l’élève se sente valorisé et encouragé
à prendre confiance en ses capacités et puisse progresser.
Comme si les enseignants ne considéraient l’évaluation que comme une mesure, un levier de tri… et ne
mettaient jamais en place d’évaluation « formative »…

Engager la refondation de l’orientation
Permettre à chacun de maîtriser les compétences
nécessaires au choix de son orientation et à la
construction d’un projet est un facteur essentiel
de réduction des inégalités sociales à l’école et
d’insertion socioprofessionnelle des jeunes.
Il s’agit donc d’engager une nouvelle dynamique
pour renforcer la compétence à s’orienter,
développer une culture économique et l’esprit
d’entreprendre
.

Conclusion
Pour assurer le redressement de son système éducatif
en luttant contre les inégalités, la Nation a
conclu un nouveau pacte : la refondation de
l’École de la République. Sa réussite repose sur
l’engagement et sur la mobilisation de chacun
des acteurs chargés de la faire vivre, dans un
esprit d’optimisme et de confiance, au service
de la réussite de chaque élève.
Engagez-vous, engagez-vous…

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