Les travaux de la sociologie ayant montré les corrélations entre inégalités sociales et trajectoires scolaires, le gouvernement lance en 1981 la politique des Zones d’éducation prioritaire (ZEP) avec l’idée de « donner plus à ceux qui ont moins ». Il s’agissait« de renforcer l’action éducative dans les zones où les conditions sociales sont telles qu’elles constituent un facteur de risque,voire un obstacle, pour la réussite scolaire des enfants et adolescents qui y vivent ». Cette politique devait s’appuyer sur un projet éducatif propre à chaque zone et englobait écoles, collèges et lycées.

Discrimination positive
À la rentrée 1982, 363 zones sont créées,scolarisant 8,3 % des écoliers, 10,2 % des collégiens, 7,4 % des élèves de lycée pro et0,8 % de ceux des autres lycées. L’acronyme ZEP apparaît officiellement en 1988.Les années 1990 voient se dégrader la situation sociale de nombreux quartiers et la politique des ZEP se complète : formation des personnels, collaboration avec la politique de la ville. Les constats critiques du rapport Moisan-Simon de 1997 amènent à la deuxième relance de l’EP qui va traiter de l’efficacité des méthodes pédagogiques, du recentrage sur les fondamentaux ; des structures académiques de pilotage sont mises en place.

En 1999, le fonctionnement en réseau est institué et 869 REP sont créés intégrant des écoles et des établissements défavorisés au sein des villes en divisant les trop grandes ZEP qui restent un noyau central du dispositif : plus de 20 % des élèves de collège et17,9 % de primaire sont scolarisés en EP.Jusqu’en 2005, le nombre d’établissements et d’écoles classés ne cesse d’augmenter.

La troisième refonte en 2006 marque la volonté de concentrer l’éducation prioritaire sur un petit nombre d’écoles et d’établissements. Les établissements EP1 qui font partie des 249 réseaux « Ambition réussite », concentrent les moyens humains et financiers associés à une politique de contractualisation et développent des relations avec la politique de la ville, les EP2 qui offrent davantage de mixité sociale gardent leurs moyens, et les EP3 appelés à sortir du dispositif dans les trois ans sont classés en RRS (réseaux de réussite scolaire).

Évolution et glissements
Cette réforme s’accompagne d’une volonté de déréglementation et d’une individualisation du traitement de la difficulté scolaire,avec l’assouplissement de la carte scolaire et les internats d’excellence destinés aux« meilleurs élèves » des classes populaires. La création d’un label CLAIR en 2010 met l’accent sur l’innovation pédagogique, le programme contient des modalités nouvelles de gestion des ressources humaines : préfet des études, recrutement sur profil. Le label est étendu aux écoles en 2011.

La notion d’éducation prioritaire, disparue au profit de celle d’« égalité des chances », revient en 2012 ainsi que la logique de compensation avec V. Peillon. Un chantier de refonte de l’éducation prioritaire est lancé,il donnera lieu aux REP et REP+ . Les interventions du SNES-FSU permettent d’obtenir une pondération de 1,1 pour les enseignants en REP+, les enquêtes menées par la FSU montrant que la principale revendication,après celle de la diminution des effectifs,est du temps pour une réflexion pédagogique collective. Le maintien d’un certain nombre d’établissements en REP au-delà des REP+,en dépit de l’insuffisance des moyens, a permis d’éviter des sorties sèches de collèges et le maintien des mesures pour les personnels indissociables de la labellisation.

Les récentes déclarations du ministre de l’Éducation font craindre une volonté de réduire la carte à un très petit nombre d’établissements, assujettis à une contractualisation forte, un recrutement à profil des personnels. Les modalités d’attribution d’une part de l’indemnité REP+ en sont les prémisses.

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