La mission Mathiot a lancé sa campagne d’auditions auprès des associations de spécialistes et des organisations syndicales sur le thème de la réforme du baccalauréat et du lycée.

Elle doit rendre son rapport en janvier sur la base duquel le ministre mettrait en discussion un projet en février. Au gré des informations qui filtrent, se dessinent les contours d’un autre lycée organisé autour de parcours individualisés.

Largement verrouillé par le projet présidentiel d’un baccalauréat réduit à quatre épreuves et au contrôle continu, les axes de travail ministériels se concentrent sur les séries générales réorganisées, voire effacées, par une spécialisation accrue de la formation des élèves en fonction de leur hypothétique projet d’orientation post-bac.

Quatre épreuves et parcours individualisés

Au détour des audiences, on découvre donc que seraient proposés des parcours avec deux enseignements dits « majeurs » évalués en épreuves terminales. Selon les interlocuteurs sont ainsi évoqués des binômes SES/maths ou bien SES/histoire-géographie, ou bien encore maths/physique-chimie ou maths/SVT.
Tout le reste serait évalué au contrôle continu sauf le français qui demeurerait en épreuve anticipée et la philosophie en épreuve obligatoire pour tous. Le tableau serait complété par un mémoire sur projet avec une soutenance sur le modèle du « colloquio » italien, en relation avec les majeurs du parcours choisi par le lycéen.
Un tel scénario impliquerait, aux dires même de ses promoteurs, de repenser le calendrier scolaire autour de semestres et d’emplois du temps variables en fonction du « menu » choisi par l’élève. On mesure l’impact que ce schéma pourrait avoir sur les services et plus généralement le métier des professeurs.

Contrôle continu omniprésent

La plupart des disciplines seraient donc évaluées au contrôle continu, le contrôle en cours de formation ou les épreuves ponctuelles étant a priori rejetées car trop chronophages et vecteurs de désorganisation des établissements. Comme pour toutes les épreuves locales, les enseignants se retrouvent seuls face à une évaluation au quotidien qui devient de fait certificative et critère de tri pour l’affectation post-bac. C’est toute la relation pédagogique qui se trouve ainsi affectée par une pression sociale accrue qui pèserait ainsi individuellement sur les enseignants.

Un tri précoce

Le projet de réforme du baccalauréat est fortement corrélé à la question de l’entrée dans le supérieur. Il prend appui sur des parcours individualisés et fait donc peser de gros risques sur l’identité de la voie technologique, ­tandis que la voie professionnelle, absente de la mission Mathiot, est menacée par l’apprentissage.

Un lycée modulaire mettrait à mal la cohérence des parcours, les lycéens seraient considérés comme uniques responsables de leurs choix, choix dont on sait qu’ils sont traversés par différents biais notamment sociaux et genres. Point aveugle des consultations Mathiot : combien de suppressions de postes la réforme des lycées devra-t-elle absorber ?

Claire Guéville


DEUX PROFESSEURS PRINCIPAUX EN TERMINALE ?

Le « plan étudiants » investit les professeurs principaux de missions d’orientation plus larges en relation avec les « attendus » fixés par les formations universitaires. Il est prévu dès le 1er décembre de doter les classes de Terminale d’un second professeur principal. Pour autant, aucun texte réglementaire ne cadre ce qui reste à ce jour un projet. Le ministère s’est engagé à rémunérer le second PP par la part modulable de l’Indemnité de suivi et d’orientation des élèves (ISOE) au prorata de la durée de la mission. Cependant est aussi évoquée la possibilité d’IMP dans le cadre d’un tutorat. Par ailleurs, il ne semble pas envisagé de second PP pour les classes dont les effectifs seraient jugés trop faibles.
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