Des actualités tragiques (le suicide d’une jeune femme de 19 ans), juridico-sportive (l’affaire Serge Aurier/PSG) ont porté l’application Periscope à l’attention du grand public. Cette application de diffusion de vidéo en ligne et en direct à partir d’un simple téléphone (sous iOS ou Android) mérite que la communauté éducative soit alertée sur les usages qui peuvent en être faits dans le cadre scolaire. Elle permet de diffuser très facilement sur internet des vidéos, par exemple des salles de classe pendant les cours… Et c’est ce qui se passe probablement en ce moment si vous lisez cet article aux heures ouvrables…

La pratique consiste à filmer son professeur et/ou soi ou ses camarades en classe. Les spectateurs en ligne peuvent interagir via des commentaires sur ce qui est filmé. L’auteur peut proposer une réaction à leur nombre ou à leurs commentaires, par exemple : « A 30 personnes qui suivent, je crie dans la classe » (voir exemples de ces utilisations dans l’article de francetvinfo).
Cette diffusion en direct est tout aussi répréhensible juridiquement que les enregistrements en différé qui existaient jusque-là sur des plateformes de diffusion de vidéo en ligne.

Plus largement, l’utilisation de l’application Periscope pose à nouveau le problème de l’utilisation des smartphones dans le cadre scolaire. En effet, comme la majeure partie des élèves sont mineurs, ils sont sous la responsabilité de l’institution (et donc de l’enseignant) quand ils sont en classe. C’est la raison pour laquelle l’utilisation du smartphone est souvent interdite en classe par les règlements intérieurs (notamment au collège), sauf pour des objectifs pédagogiques bien définis. Si l’application en elle-même peut très bien avoir des utilisations pédagogiques, il est nécessaire que, dans le cadre d’une Education aux médias et à l’information, et dans le respect des dispositions qui existent dans la plupart des règlements intérieurs des EPLE, les élèves soient informés et rendus conscients des implications, en terme de droits à l’image et d’atteinte à la personne, lorsqu’ils utilisent Periscope, et des sanctions qu’ils encourent s’ils venaient à en faire un usage contraire à la loi.

Par ailleurs, les enseignants sont souvent démunis face à l’utilisation des téléphones portables en cours. Il revient à l’institution de statuer sur cette question et d’aider les enseignants à lutter contre les comportements à risque des élèves, qui bravent volontairement un interdit, et ce à tous les échelons. Une constatation qui prête à sourire, lorsque l’on sait que le ministère lui-même propose des contenus en ligne en direction des élèves (souvent à but humoristique) et en profite pour les inviter à s’abonner à son compte Snapchat.

Thomas Brissaire et Camille Buquet.


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