Pourtant, le gouvernement persiste dans sa volonté de mettre en place le SNU et de le rendre obligatoire, pour preuve la récente nomination de Sarah El Haïry qui revient rue de Grenelle comme secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel auprès des ministres des Armées et de l’Éducation nationale. L’argument de mixité sociale repose sur une fantasmagorie de service militaire. Il est pathétique de voir des recteurs et rectrices passer en revue les troupes au garde à vous dans un mélange des genres inquiétant. La coercition émanant du SNU répond avant tout à une vision autoritaire qui dénature les métiers du champ éducatif. Il vise à servir une pédagogie de l’obéissance.

De dysfonctionnements en dysfonctionnements

Depuis le lancement en 2017, le dispositif n’a cessé de se fourvoyer, accumulant les dysfonctionnements. Alors que le troisième séjour vient juste de débuter, la presse régionale se fait l’écho de nombreux incidents:

  • A trois jours du départ, des affectation de jeunes dans les centres ne sont toujours pas connues.
  • Le recrutement des animateurs, souvent étudiants, pour exercer les fonctions de tuteur de maisonnée (10 jeunes de 15 à 17 ans), ne fait pas le plein. De nombreux candidats manquent à l’appel.
  • Les affectations des cadres ne sont connues qu’à J-5, difficile alors de préparer les séjours sereinement.
  • De nombreux problèmes de transport pour rejoindre ou quitter les centres avec des changements d’horaires à la dernière minute.
  • Des centres situés dans des lycées privés catholiques voire dans un centre religieux qui n’est en rien un établissement scolaire.
  • Un centre situé dans un village de vacances fermé au bout de 3 jours pour cause d’invasion de punaises de lit.
  • Des incidents lors des séjours (malaises lors de cérémonies par une chaleur écrasante, explosion des contaminations COVID, propos racistes et LGBT-bashing, un fait de violence d’un encadrant sur un jeune suffisamment grave pour que l’encadrant se trouve en garde à vue et qu’une enquête soit ouverte pour agression sexuelle…)

Une pression toujours plus forte

La pression est forte auprès des jeunes pour devenir « Ambassadeur » SNU, éléments de langage repris en boucle par plusieurs chefs de centre et préfets conformément aux consignes données par Jean-Marc Huart, Directeur général du ministère de l’éducation nationale, afin de porter la « bonne parole » auprès des jeunes. Suite à ce «séjour de cohésion», chaque jeune doit effectuer 84h de «Mission d’Intérêt Général» dans l’année, soit massées, soit perlées style 2 à 3 heures un après-midi par semaine (dans une association, un service public, un établissement public ou privé de santé, un corps en uniforme ou une entreprise solidaire) sans contrat de travail et gratis…

Beaucoup d’énergie engloutie et belle pagaille dans la gestion du SNU qui dépend du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports. Dans le projet de loi de finances 2022 du Sénat est noté «le coût du dispositif serait stabilisé à 2 140 euros par jeune… » Toujours est-il que le coût du dispositif par jeune reste élevé, et que la viabilité financière d’une généralisation du service national universel à une classe d’âge de 800 000 jeunes, qui représenterait au minimum 1,72 milliard d’euros en coût de fonctionnement, peut-être pour cette raison sérieusement mise en doute… Il reste encore de nombreuses zones d’ombres dans l’organisation du service national universel, notamment concernant la formation et les conditions d’hébergement.

Le SNES-FSU rappelle sa demande d’abandon de ce dispositif coûteux et inutile ! Il porte une autre conception de l’engagement et de l’accès à la citoyenneté dans laquelle le travail scolaire et éducatif dans la durée doit avoir toute sa place.

L’analyse du SNES-FSU sur ce dispositif reste plus que jamais d’actualité. Retrouvez-la sur notre site national, à la rubrique CPE.

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